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23 juillet 2010

"LA LOI DOIT ÊTRE APPLIQUÉE ET RESPECTÉE....

....EN ÉVITANT LES DÉCLARATIONS SENSATIONNELLES"

 

François BAYROU était ce jeudi 22 Juillet l'invité de France-Inter.

 

Interrogé sur les "affaires" (fort nombreuses) qui défraient actuellement les chroniques, et échappant très habiilement aux "questions-pièges" des journalistes, il a brossé un ensemble de réponses qui ressituent les problèmes sur le fond et ont bien cadré la position du Mouvement Démocrate. au moment où les français s'interrogent tous.

 

Le vrai centrisme !

24 juin 2010

RETRAITES : "Si on ne redonne pas du travail...."

François Bayrou : "Si on ne redonne pas du travail aux plus de 55 ans et aux moins de 30 ans, on n'aura aucune chance de rééquilibrer les retraites"

 

François Bayrou

François Bayrou était l'invité ce jeudi de la matinale de Sud Radio. Il a notamment répondu aux questions relatives au projet gouvernemental de réforme des retraites et sur la place du Centre dans la vie politique française.

Sud Radio : Bonjour François Bayrou, merci d'être avec nous. Mobilisations intersyndicales aujourd'hui contre le projet du gouvernement, le 16 juin vous avez pris vos distances avec cette réforme que vous ne trouvez pas équitable : si le seuil des 62 ans est acceptable, la décision concerne la modification du seuil de 65 ans porté à 67 ans ne l'est pas selon vous ?


François Bayrou : Vous avez dit ma position, je pense qu'une réforme est indispensable. Il y a deux courants : il y a ceux qui pensent qu'on peut éviter une réforme et je pense qu'on ne peux pas l'éviter quels que soient ceux qui gouvernent. Il y a deux décisions majeures : La première c'est de passer progressivement de 60 à 62 ans, ce n'est pas agréable mais acceptable.


En revanche, je trouve inacceptable qu'on touche à la retraite, à cet âge dont on parle peu de 65 ans, que l'on pouvait prendre non pas à taux plein mais bénéficiant de ses droits sans pénalité. Cela s'adresse aux Français les plus fragiles qui ont eu des carrières chaotiques et aux femmes qui ont élevé leurs enfants. Et c'est un leurre, car ils ne sont pas au travail ceux-là, il sont au chômage, ce qui veut dire que c'est un transfert de la caisse retraite à la caisse chômage.

Vous en avez parlé avec Nicolas Sarkozy ?

J’en ai parlé avec lui, je n'ai pas pu le convaincre, mais j'ai vu le président mais aussi François Fillon, ainsi que le ministre des retraites et celui qui a en charge le dossier des retraites, qui porte la réforme. Je pensais qu’ils allaient bouger. C’est un sujet dont on parle peu. Mais la CFDT en a fait son plan de bataille, il reste trois mois pour que ça change.

Vous tendez la main à tous les républicains, vous vous retrouvez dans le terme de "République solidaire" lancé par Villepin ?

On a besoin de valeurs républicaines, celles que l’on a écrites comme un peuple idéaliste au fronton de nos bâtiments. On ne peut pas dire que ce soit respecté et on a besoin d’une démocratie où les décisions se prennent auprès des citoyens. Démocrates et républicains sont les réformistes ; tous ceux qui y appartiennent ont quelque chose à faire et ils faut qu’ils réfléchissent ensemble.

Azouz Begag est pour un rapprochement avec Dominique de Villepin…

Je vois bien que les Français veulent des responsables politiques qui ne se font pas la tête, et il y a un sujet absent des retraites : comment on redonne du travail et de la production en France ? Si vous n’arrivez pas à relocaliser en France nos productions qui sont parties, vous n’avez aucune chance de rééquilibrer les retraites.

Le président est venu vous rencontrer, cette rencontre colle-t-elle avec ce que vous avez écrit sur Nicolas Sarkozy ?

Est-ce que vous connaissez l’usine de Bordes ? Je vous y invite. On ne se rend pas compte, mais c’est la plus grande usine de France et de moteurs d’hélicoptère au monde. Est-ce que cela aurait été dans son rôle de refuser de venir, parce que c’est ma circonscription ? Est ce que j’aurais été dans mon rôle en refusant de le voir par ce que je suis en confrontation ferme et parfois même virulente avec lui ? Ma certitude est que les responsables politiques doivent faire leur devoir, même s’ils sont en désaccord.


J’ai été surpris d’une chose : Les ouvriers et les cadres étaient fiers de montrer leur cathédrale industrielle. On doit s’effacer quand il y a des fiertés nationales comme celle-là. Comme vous le savez, cela fait des années que je plaide pour que les responsables politiques acceptent de parler ensemble. La crise elle est devant nous, personne ni Sarkozy, ni Aubry, ni moi n’avons la solution toute faite ! Alors, on a le devoir d’essayer ensemble de trouver les solutions novatrices et justes pour le pays.

La crise des Bleus et le président qui s’en occupe, qu’est-ce que cela vous inspire ?

Dans un pays normal, le devoir politique ne s’occupe pas du foot ; le rôle de la République, ce n’est pas de se mêler de la sélection de l’équipe de football. Vous n’imaginez pas Obama se mêler de la sélection de l’équipe de basket, même si là-bas c’est un sport très populaire... Il y a cette tendance française à vouloir que ce soit le pouvoir parisien centralisé qui décide. J’espère qu’il vont trouver des responsables du foot pour gérer les réponses qui s’imposent. Cette crise-là, c’est un reflet du problème de la société française.

Eric Woerth doit-il démissionner ?

En tout cas il y a eu un problème, car le pouvoir politique doit être séparé du monde de l’argent, des grands intérêts financiers par une muraille de verre infranchissable. Ce n’est pas le cas en France. Depuis le début, je me suis inquiété de ces dérives-là, et c’est inquiétant pour la République française.

25 mai 2010

LE RETOUR de François BAYROU

Alain-Duhamel.jpgDepuis sa défaite aux élections régionales, François Bayrou avait gardé le silence. Il en est sorti ce week-end avec une importante interview au journal Le Monde.

 

(Interview d'Alain DUHAMEL sur RTL le 25 MAI 2010)

 

Je crois qu'il y a, dans cette interview, une inflexion qui est à la fois substantielle et volontairement manifeste. Depuis l'élection de Nicolas Sarkozy, en 2007, on sait très bien que François Bayrou s'était comporté non seulement en adversaire irréductible, mais en ennemi passionnel et presque obsessionnel. Il l'avait payé cher. Il l'avait payé cher aux élections européennes - qui étaient une défaite - aux élections régionales - qui étaient une déroute - et en perdant la quasi-totalité de ses élus, et notamment de ses lieutenants politiques.

Il s'en est rendu compte. Il était difficile de le faire autrement, mais enfin c'est aussi un hyper-réaliste. Et donc, aujourd'hui, il opère ce qui est une rectification assez spectaculaire. D'une part, sur la question de la burqa, il prend une position qui est, en fait, très proche de celle de la majorité. Je ne dis pas qu'il ait forcément raison sur le fond mais, en tout cas, c'est déjà un signal politique. D'autre part, et c'est évidemment ça l'essentiel, à propos des retraites, cette fois-ci, il critique directement et vigoureusement la solution préconisée par les socialistes. Il les accuse, en fait, de "déni de réalité" et considère que ce qu'ils proposent n'a aucune chance d'être efficace et, visiblement, il est partisan de l'allongement de la durée de cotisations, de l'élévation de l'âge légal de la retraite.

Cela ne veut pas dire qu'il sera forcément d'accord avec ce que proposera exactement le gouvernement. D'abord, parce qu'on ne le sait pas encore dans les détails. Et puis, ensuite, parce qu'il se peut qu'il ait, lui, des solutions qui différent. Mais en tout cas ce qui est clair et ce qui est intéressant, c'est que, alors qu'on est entré dans une période de crise monétaire et financière spécifiquement européenne, François Bayrou, qui a une sensibilité sociale incontestable, se retrouve, en matière économique, plus proche de la majorité que de l'opposition. Et cela, c'est un changement !

François Bayrou a-t-il vraiment des chances de retrouver un poids politique plus significatif ?

Sa base de départ politique - il faut bien le dire - était étroite. Et c'est lui qui l'a rétrécie ! En revanche, intellectuellement, il est, paradoxalement, dans une très bonne situation. Parce que, s'il y a un homme politique qui, pendant la campagne présidentielle de 2007, avait insisté sur ce qu'il y avait de déraisonnable dans les déficits français et dans l'endettement public. S'il y avait quelqu'un qui, dès ce moment-là - alors que ce n'était pas populaire, en pleine campagne, et qu'il était candidat - a insisté sur la nécessité de la rigueur et d'une grande réforme fiscale, c'est François Bayrou. En ce sens, c'est lui qui avait vu à l'avance, le mieux, parmi les candidats, ce qui se passe aujourd'hui.

Maintenant, il a beaucoup décousu le centre, depuis trois ans. Et on sait bien que les centristes sont répartis entre ceux qui sont intégrés à l'UMP, ceux qui sont alliés de l'UMP, ceux qui cherchent en ce moment à s'émanciper de l'UMP. Et puis, avec ses diverticules sénatoriaux à peu près incompréhensibles, même pour le Président du Sénat. Tout cela existe. François Bayrou sera-t-il capable de recoudre ce qu'il a décousu. On va voir si c'est le couturier français inspiré ou pas du tout.

François Bayrou propose de consulter les Français par référendum sur la révision de la constitution que préconise Nicolas Sarkozy pour introduire une règle d'or sur la réduction des déficits. Est-ce une bonne idée ?

Non. C'est théoriquement séduisant, je pense que c'est extrêmement dangereux. Dangereux parce que la question de savoir à quel rythme, avec quelle ampleur, pour combien de temps et avec quelle technique on doit réduire les déficits budgétaires, franchement, c'est un sujet tellement technique que même si les français sont exceptionnellement intelligents, je pense qu'ils devraient avoir beaucoup de mal à y répondre. D'autant plus que les plus grands économistes ne sont pas d'accord entre eux. Et puis, on sait bien que, quand on interroge les Français par référendum, ils ne répondent pas à la question mais à celui qui pose la question. Et donc, ce ne serait pas : faut-il réduire les déficits ? Mais : faut-il réduire Nicolas Sarkozy ?

22 mai 2010

L'ENTRETIEN de François BAYROU au MONDE du 23 Mai 2010

bayrou_pensif.jpgLe Monde : Approuvez-vous la proposition du Président de la République d'inscrire dans la Constitution la lutte contre les déficits ?

François Bayrou :
Inlassablement, depuis dix ans, j'ai défendu le principe d'une disposition constitutionnelle qui empêche les déficits de se creuser, du moins en période de croissance. La proposition que je défendais était d'écrire tout simplement dans la Constitution qu'à partir de l'année 2015, par exemple, les déficits de fonctionnement ne seront pas admis, sauf pour combattre ou prévenir une récession.
Pour l'investissement, les grands équipements, il est compréhensible qu'en empruntant on partage la charge avec les générations futures ; pour le fonctionnement pour les retraites, pour le remboursement des feuilles de sécu, c'est inadmissible et scandaleux. Je trouve légitime d'en faire un principe constitutionnel. Bien des critiques disent : "Vous n'avez pas le droit de lier les mains des gouvernements à venir".
Cette critique est sérieuse : je propose donc que la modification constitutionnelle soit décidée par les Français eux-mêmes, par référendum. Si des gouvernements ultérieurs estiment nécessaire de rompre avec cette règle de prudence, ils ne pourront le faire sans avoir à leur tour demandé l'accord du peuple.


Le Monde : À quoi attribuez-vous cette propension française aux déficits ?

François Bayrou : Deux choses : dans la culture française, il y a l'idée profondément ancrée que l'inflation, à un moment donné, viendra effacer l'ardoise. Et puis, nous vivons dans la frénésie du court terme. Pour exister au journal de 20 heures, chaque jour, devant chaque accident de la vie, il faut "débloquer", comme on dit, des milliards. Et en effet, on n'a pas arrêté de débloquer, à tous les sens du mot...

Le Monde : La rigueur est-elle inéluctable ?

François Bayrou : La guerre des mots autour du terme "rigueur" est ridicule. Mais il faut se mettre ceci dans la tête : nous sommes entrés dans le temps des choses sérieuses. On nous a fait vivre dans l'illusion que l'Etat pouvait répondre à toutes les demandes à partir de ressources qu'il n'avait pas. C'est fini. Et, pour moi, il est bon que notre pays ouvre les yeux devant la réalité.

Le Monde : Les Français y sont-ils prêts ?

François Bayrou : Je crois que les esprits ont beaucoup évolué. Les responsables politiques aussi. J'ai trouvé intéressant que Dominique Strauss-Kahn dise clairement que le tabou des 60 ans pour la retraite n'avait pas de sens. Mais les appareils de parti, eux, n'en sont pas là !
Lorsque le PS officiel prétend que, pour la réforme des retraites, il suffit de taxer les banques, qu'il n'y a qu'à "prendre l'argent là où il est", comme disait magnifiquement feu Georges Marchais, c'est le pire des messages politiques. cela consiste à dire au grand public : "On peut s'en tirer sans effort puisque les efforts seront pour les autres !" Ce n'est pas ainsi qu'on rebâtit un grand pays.

Le Monde : Vous pensez qu'on va vers des hausses d'impôt ?

François Bayrou : Compte tenu de l'ampleur des déficits, aucun gouvernement n'y échappera. Et lorsque le gouvernement actuel prétend le contraire, il raconte des histoires et il le sait parfaitement. C'est si vrai que le gouvernement a transmis à Bruxelles un plan de redressement qui comporte une hausse de deux points des prélèvements obligatoires ! Mais notre fiscalité est devenue de plus en plus injuste et de plus en plus labyrinthique. Pour obtenir justice, clarté et donc confiance, il faudra le courage d'une profonde réforme fiscale.

Le Monde : Comment interprétez-vous l'effervescence actuelle au centre ?

François Bayrou : Il y a au centre de la vie politique française une famille dispersée, mais réelle. Ce courant de pensée s'est séparé : une partie s'est satellisée autour du pouvoir chiraquien ou sarkozyste, une partie a choisi l'indépendance avec moi, une partie s'est installée dans l'orbite du PS. Mais les événements imposeront un jour ou l'autre que ce grand courant, avec toutes ses sensibilités, se rassemble.

Le Monde : Avec ou sans vous ?

François Bayrou : Le moment venu, je mettrai toutes mes forces au service de cette reconstruction. Mais il y a une condition, et pour moi une seule : il faut que toutes les composantes assument une vraie indépendance. C'est toujours la même histoire : pour être à la hauteur, il faut renoncer au renoncement.

Le Monde : Pourquoi avez-vous récemment rencontré Nicolas Sarkozy ?

François Bayrou : Nous sommes dans une période de crise profonde, où tout le monde cherche l'issue. Dans cette période, chaque fois que le président de la République m'invitera à le rencontrer pour parler des grands sujets, j'accepterai. Idem pour le premier ministre ou les responsables de la gauche. Et, chaque fois, sans tambour ni trompette. Responsables politiques, nous sommes collectivement responsables de la situation du pays. Je ne dis pas "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil", mais "tout le monde est responsable".

Le Monde : Comment analysez-vous la crise européenne ?

François Bayrou : Je n'aime pas la mode anti-allemande actuelle. La chancelière Angela Merkel, et son ministre des finances, Wolfgang Schaüble, sont des dirigeants de grande dimension, qui prennent légitimement en compte la hantise historique de leur peuple. Nous les Français, nous aimons l'inflation et la planche à billets. Les Allemands ont perdu leur être, leur sang et leur âme dans une dérive qui a commencé par l'inflation. Si on ne comprend pas ça, on ne comprend rien.

Le Monde : Pourquoi l'Europe ne parvient pas à parler d'une seule voix ?

François Bayrou : Parce qu'il n'y a pas de vision claire. Que doit être l'Europe ? Pour moi, c'est une famille d'Etats et de nations organisés dans un but commun. À l'ère des Etats-continents, ils choisissent de défendre ensemble leur modèle de société. Le jour où cette idée fondatrice sera acceptée par tous, on avancera.

Le Monde : La Commission européenne doit-elle avoir un droit de regard sur les budgets nationaux ?

François Bayrou : On présente bien le budget, avant de le voter, aux citoyens français. Pourquoi pas aux partenaires européens ? Je souhaiterais pour aller plus loin une agence européenne vraiment indépendante chargée de garantir la vérité sur les comptes des différents Etats.

Le Monde : La baisse de l'euro vous inquiète-t-elle ?

François Bayrou : Non. L'euro était surévalué. Nous nous rapprochons d'une parité convenable avec le dollar. Où est le drame ? Ce rééquilibrage a aussi des avantages.

Le Monde : La zone euro peut-elle exploser ?

François Bayrou : Je ne le crois pas. Un pays qui en sortirait verrait ses taux d'intérêt s'envoler, ses déficits exploser, et l'inflation l'envahir. Il ne trouverait plus de crédit. C'est très dissuasif. J'ajoute que l'euro protège tout le monde. Même les forts...

Le Monde : Va-t-on vers davantage d'intégration économique à la faveur de la crise ?

François Bayrou : Si on allait vers une vraie coordination et une vraie coopération, ce serait déjà un pas de géant.

Le Monde : Que faut-il faire en priorité pour assurer le financement des retraites ?

François Bayrou : Un plan en trois étapes :
• d'abord, rétablir l'équilibre financier par de nouvelles ressources et cela impose, par esprit de justice, de faire participer des revenus qui, pour l'instant, étaient à l'abri ;
• ensuite, à moyen terme, admettre que, bien sûr, le déséquilibre des retraites est un problème démographique, qu'il faut augmenter le nombre des actifs par rapport au nombre des retraités : pour cela, il faut devenir obsédés de la reconquête de l'emploi en France, pour les jeunes et pour les plus de 55 ans et ensuite allonger la durée d'activité en faisant glisser le curseur de l'âge légal, ou celui de la durée des cotisations, ou les deux ;
• enfin, pour le long terme, définir dès aujourd'hui, tous ensemble, à horizon d'une décennie, un système de retraite, par exemple à points, plus souple, qui prévoira des transitions entre emploi et retraite, et qui sera équilibré.

Le Monde : Soutiendrez-vous la réforme que va proposer le gouvernement ?

François Bayrou : Si elle me paraît raisonnable, je la soutiendrai. Je n'ai pas passé ma vie politique à mettre en garde contre les déficits pour aller dans le sens de l'irresponsabilité lorsqu'un redressement commence à s'imposer.

Le Monde : Votre geste ne risque-t-il pas d'être interprété comme un "recentrage" dû à votre solitude ?

François Bayrou : Sans concession, depuis le premier jour, j'ai combattu les fautes du pouvoir actuel en termes d'injustices, d'atteintes à la séparation des pouvoirs, de mainmise sur les médias, publics en particulier, de mélange entre intérêts privés et intérêt public. Je continuerai de le faire. Cela me rend d'autant plus libre d'approuver des décisions qui me paraissent équilibrées. Dire oui quand les choses vont dans le bon sens, dire non et se battre contre les erreurs et les abus, voilà ma ligne.

Le Monde : Quelle est votre opinion sur le projet de loi sur la burqa ?

François Bayrou : Je n'ai pas aimé la manière dont le débat a été lancé. Mais la décision est maintenant devant nous : je trouve le texte du gouvernement raisonnable. Le projet de loi ne parle pas de religion, ne cible personne. Il dit simplement qu'en France, on ne dissimule pas son visage dans l'espace public, que vivre à visage découvert, c'est le premier geste de reconnaissance réciproque et de respect. En outre, j'approuve qu'il y ait une pédagogie prévue dans la loi.


Propos recueillis par Françoise Fressoz et Pierre Jaxel-Truer.

15 mars 2010

APRÈS LES RÉGIONALES du 14 MARS 2010

Pour notre pays c’est un jour inquiétant.


La France va mal, l’abstention a battu tous les records, et l’extrême droite est de retour.  


Être minoritaire, c’est une déception, c’est un désagrément, c’est un passage rude, mais ce n’est pas une honte.


Une vérité ne cesse pas d’être vraie parce qu’elle est minoritaire.


Des temps viennent où les français vont découvrir la véritable situation de notre pays et se demanderont alors comment reconstruire.


Au degré de gravité où nous nous trouverons, j’en ai la certitude, on ne pourra pas reconstruire, dans l’affrontement sourd d’un camp contre l’autre, au contraire.


De vérités, de visions, d’équilibre, de rassemblement, la France, un jour prochain, aura besoin, autant que d’air pour respirer.


Facile ou difficile peu importe, il faut continuer le combat pour un autre projet de société, pour d’autre valeurs.


Les Français, tous les jours, surmontent des difficultés, endurent des chocs et repartent.


Nous ferons comme eux, et je l’espère, nous le ferons avec eux.

 

François BAYROU

12 janvier 2010

MISE AU POINT STATUTAIRE

 

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La phase de désignation de celui qui sera tête de liste lors des prochaines élections régionales est maintenant achevée. Ce sera bien, à la suite du vote des adhérents des 5 fédérations du Languedoc-Roussillon, Mr Marc DUFOUR, Président de la Fédération de l’Hérault.

 

Nous en profitons pour présenter ici tous nos vœux de réussite au Président DUFOUR.

La question nous est aujourd’hui posée de savoir qui conduira, notamment dans le GARD, la liste départementale au sein de celle régionale menée par Mr DUFOUR.

La réponse est écrite dans les Statuts Nationaux de notre Mouvement (article 18).

“Après consultation du Mouvement Départemental intéressé, le Conseil National donne l’investiture aux candidats....

“Toute investiture donnée par le Mouvement Démocrate implique la consultation exprimée par un vote des adhérents suivant les modalités fixées par le Règlement Intérieur”

Ce Règlement Intérieur National, auquel il est ici fait référence, précise (article 13-b) :

“Les investitures sont accordées en Conseil National sur proposition du Bureau Exécutif après consultation des adhérents”

Les textes fondateurs de notre Mouvement sont donc parfaitement clairs.

Il appartient bien aux seuls adhérents du Mouvement Démocrate du GARD, soit par scrutin direct, soit par un scrutin exprimé par leurs instances représentatives élues, de proposer au Conseil National la liste des candidats qu’ils auront choisis selon la règle de parité exigée. C’est ensuite au sein de cette liste que le Conseil National, sur proposition du Bureau Exécutif, choisira celle ou celui qui la conduira pour représenter le Département du GARD.

Cette précision s’impose aujourd’hui : on constate en effet, depuis quelques heures, que certaines personnalités - dont d’ailleurs des membres totalement extérieurs à notre Fédération et qui ne peuvent avoir voix dans ce choix - avancent des noms au plus farfelus les uns que les autres quant à ces candidats, ou quant à celui ou celle qui sera porté à leur tête dans notre Département. Des groupes de pression se font même jour pour soutenir tel ou tel.

C’est “mettre la charrue avant les bœufs”.

Les adhérents du GARD ne se laisseront pas voler la prérogative qui est la leur, et de façon imprescriptible, de pouvoir choisir eux-mêmes leurs candidats pour les représenter sur la liste régionale conduite par Mr DUFOUR.

Notre Conseil Départemental, réuni autour du Président Philippe BERTA, défendra fermement ce droit.

Le Président BERTA veillera, de son côté, à faire respecter les textes statutaires malgré certaines manœuvres dilatoires et prendra, le moment venu, sitôt après les consultations préalables réglementaires, les initiatives voulues pour que toute chose se déroule sereinement et loin du tumulte que certains voudraient organiser pour favoriser tel ou tel lobby particulier.

26 décembre 2009

CE QUE PROPOSE SARKOZY, C'EST LA HAINE DE L'AUTRE

TRIBUNE LIBRE

d'Emmanuel TODD

Démographe et historien, ingénieur de recherche à l'Institut national d'études démographiques (INED)

todd.jpgInspirateur du thème de la fracture sociale, repris par Jacques Chirac lors de sa campagne présidentielle de 1995, il observe depuis longtemps la coupure entre élites et classes populaires. Il livre pour la première fois son analyse du débat sur l'identité nationale. Sans dissimuler sa colère. "Si vous êtes au pouvoir et que vous n'arrivez à rien sur le plan économique, la recherche de boucs émissaires à tout prix devient comme une seconde nature", estime-t-il.

Que vous inspire le débat sur l'identité nationale ?

Je m'en suis tenu à l'écart autant que possible, car ce débat est, à mes yeux, vraiment pervers. Le gouvernement, à l'approche d'une échéance électorale, propose, je dirais même impose, une thématique de la nation contre l'islam. Je suis révulsé comme citoyen. En tant qu'historien, j'observe comment cette thématique de l'identité nationale a été activée par en haut, comme un projet assez cynique.

Quelle est votre analyse des enjeux de ce débat ?

Le Front national a commencé à s'incruster dans le monde ouvrier en 1986, à une époque où les élites refusaient de s'intéresser aux problèmes posés par l'intégration des populations immigrées.

On a alors senti une anxiété qui venait du bas de la société, qui a permis au Front national d'exister jusqu'en 2007. Comme je l'ai souligné dans mon livre, Le Destin des immigrés (Seuil), en 1994, la carte du vote FN était statistiquement déterminée par la présence d'immigrés d'origine maghrébine, qui cristallisaient une anxiété spécifique en raison de problèmes anthropologiques réels, liés à des différences de système de moeurs ou de statut de la femme. Depuis, les tensions se sont apaisées. Tous les sondages d'opinion le montrent : les thématiques de l'immigration, de l'islam sont en chute libre et sont passées largement derrière les inquiétudes économiques.

La réalité de la France est qu'elle est en train de réussir son processus d'intégration. Les populations d'origine musulmane de France sont globalement les plus laïcisées et les plus intégrées d'Europe, grâce à un taux élevé de mariages mixtes. Pour moi, le signe de cet apaisement est précisément l'effondrement du Front national.

On estime généralement que c'est la politique conduite par Nicolas Sarkozy qui a fait perdre des voix au Front national...

Les sarkozystes pensent qu'ils ont récupéré l'électorat du Front national parce qu'ils ont mené cette politique de provocation, parce que Nicolas Sarkozy a mis le feu aux banlieues, et que les appels du pied au FN ont été payants. Mais c'est une erreur d'interprétation. La poussée à droite de 2007, à la suite des émeutes de banlieue de 2005, n'était pas une confrontation sur l'immigration, mais davantage un ressentiment anti-jeunes exprimé par une population qui vieillit. N'oublions pas que Sarkozy est l'élu des vieux.

Comment qualifiez-vous cette droite ?

Je n'ose plus dire une droite de gouvernement. Ce n'est plus la droite, ce n'est pas juste la droite... Extrême droite, ultra-droite ? C'est quelque chose d'autre. Je n'ai pas de mot. Je pense de plus en plus que le sarkozysme est une pathologie sociale et relève d'une analyse durkheimienne - en termes d'anomie, de désintégration religieuse, de suicide - autant que d'une analyse marxiste - en termes de classes, avec des concepts de capital-socialisme ou d'émergence oligarchique.

Le chef de l'Etat a assuré qu'il s'efforçait de ne pas être "sourd aux cris du peuple". Qu'en pensez-vous ?

Pour moi, c'est un pur mensonge. Dans sa tribune au Monde, Sarkozy se gargarise du mot "peuple", il parle du peuple, au peuple. Mais ce qu'il propose aux Français parce qu'il n'arrive pas à résoudre les problèmes économiques du pays, c'est la haine de l'autre.

La société est très perdue mais je ne pense pas que les gens aient de grands doutes sur leur appartenance à la France. Je suis plutôt optimiste : quand on va vraiment au fond des choses et dans la durée, le tempérament égalitaire des Français fait qu'ils n'en ont rien à foutre des questions de couleur et d'origine ethnique ou religieuse !

Pourquoi, dans ces conditions, le gouvernement continue-t-il à reprendre à son compte une thématique de l'extrême droite ?

On est dans le registre de l'habitude. Sarkozy a un comportement et un vocabulaire extrêmement brutaux vis-à-vis des gamins de banlieue ; il les avait utilisés durant la campagne présidentielle tandis qu'il exprimait son hostilité à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne dans un langage codé pour activer le sentiment antimusulman. Il pense que cela pourrait marcher à nouveau.

Je me demande même si la stratégie de confrontation avec les pays musulmans - comme en Afghanistan ou sur l'Iran - n'est pas pour lui un élément du jeu intérieur. Peut-être que les relations entre les Hauts-de-Seine et la Seine-Saint-Denis, c'est déjà pour lui de la politique extérieure ? On peut se poser la question...

Si vous êtes au pouvoir et que vous n'arrivez à rien sur le plan économique, la recherche de boucs émissaires à tout prix devient comme une seconde nature. Comme un réflexe conditionné. Mais quand on est confronté à un pouvoir qui active les tensions entre les catégories de citoyens français, on est quand même forcé de penser à la recherche de boucs émissaires telle qu'elle a été pratiquée avant-guerre.

Quels sont les points de comparaison avec cette période ?

Un ministre a lui-même - c'est le retour du refoulé, c'est l'inconscient - fait référence au nazisme. (Christian Estrosi, le 26 novembre, a déclaré : "Si, à la veille du second conflit mondial, dans un temps où la crise économique envahissait tout, le peuple allemand avait entrepris d'interroger sur ce qui fonde réellement l'identité allemande, héritière des Lumières, patrie de Goethe et du romantisme, alors peut-être, aurions-nous évité l'atroce et douloureux naufrage de la civilisation européenne.") En manifestant d'ailleurs une ignorance de l'histoire tout à fait extraordinaire. Car la réalité de l'histoire allemande de l'entre-deux-guerres, c'est que ce n'était pas qu'un débat sur l'identité nationale. La différence était que les nazis étaient vraiment antisémites. Ils y croyaient et ils l'ont montré. La France n'est pas du tout dans ce schéma.

Il ne faut pas faire de confusion, mais on est quand même contraint de faire des comparaisons avec les extrêmes droites d'avant-guerre. Il y a toutes sortes de comportements qui sont nouveaux mais qui renvoient au passé. L'Etat se mettant à ce point au service du capital, c'est le fascisme. L'anti-intellectualisme, la haine du système d'enseignement, la chasse au nombre de profs, c'est aussi dans l'histoire du fascisme. De même que la capacité à dire tout et son contraire, cette caractéristique du sarkozysme.

La comparaison avec le fascisme, n'est-ce pas excessif ?

Il ne s'agit pas du tout de dire que c'est la même chose. Il y a de grandes différences. Mais on est en train d'entrer dans un système social et politique nouveau, qui correspond à une dérive vers la droite du système, dont certains traits rappellent la montée au pouvoir de l'extrême droite en Europe.

C'est pourtant Nicolas Sarkozy qui a nommé à des postes-clés plusieurs représentantes des filles d'immigrés...

L'habileté du sarkozysme est de fonctionner sur deux pôles : d'un côté la haine, le ressentiment ; de l'autre la mise en scène d'actes en faveur du culte musulman ou les nominations de Rachida Dati ou de Rama Yade au gouvernement. La réalité, c'est que dans tous les cas la thématique ethnique est utilisée pour faire oublier les thématiques de classe.

(Le Monde)

14 décembre 2009

UN DÉCOUPAGE ÉLECTORAL SUR MESURE ?

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Une étude indépendante a projeté les résultats des législatives de 2007 sur la nouvelle carte électorale préparée par le gouvernement. Verdict : la majorité sort renforcée de ce redécoupage.

Les ciseaux d'Alain Marleix ont-ils taillé une nouvelle carte électorale aux petits oignons pour la majorité ? Oui, répondront sans hésiter les sénateurs de gauche, lors de l'examen du projet de loi instaurant le redécoupage électoral préparé par le secrétaire d'Etat à l'Intérieur.

Les sénateurs pourront étayer leurs critiques par une toute récente étude indépendante. Oeuvre du collectif "RegardsCitoyens.org", déjà l'origine du site "nosdeputes.fr", cette étude montre que la majorité tirerait effectivement profit de la nouvelle carte électorale.

Aux législatives de 2012, la droite (UMP, Nouveau Centre, MPF et divers-droite) obtiendrait 353 sièges (contre 346 en 2007), la gauche 220 (228 en 2007) et le Modem 4 (3 en 2007).

Ce tableau diffère sensiblement des projections avancées par Alain Marleix. Ce dernier prévoit la suppression de 33 circonscriptions sur 577 et leur remplacement par 33 nouvelles, dont 11 pour les Français de l'étranger. Face aux accusations socialistes de "charcutage" et de "tripatouillage", le Secrétaire d'Etat prétend que les suppressions toucheraient 18 sièges de gauche et 15 de droite.

Or, selon "Regards Citoyens", si l'on exclut les Français de l'étranger, le solde net de ce redécoupage se traduirait en 2012 par une perte de deux sièges pour la droite et de dix pour la gauche, le MoDem gagnant un élu.

Ainsi, en Ille-et-Vilaine, département qui gagne une circonscription, l'étude montre un gain d'un siège pour la droite qui se retrouverait à égalité avec la gauche à quatre élus partout.

En revanche, à Paris, les inquiétudes du PS et des Verts semblent un tantinet exagérées. Si la capitale perd trois élus, deux appartiendraient à l'UMP.

 

L'arbre destiné à cacher la forêt?

(Extrait de l'hebdomadaire "L'EXPRESS")

08 décembre 2009

LE PROJET HUMANISTE du MOUVEMENT DÉMOCRATE

LE PROJET HUMANISTE ("LE LIVRE ORANGE")


Couv-Le_Projet_Humaniste-6-12.jpgTant attendu, tant préparé par les adhérents dans nos Fédérations, tant examiné et amendé article par article lors du Congrès d'ARRAS par de nombreuses contributions, voici le "Livre Orange" du Mouvement Démocrate contenant son "PROJET HUMANISTE".


C'est un document précieux à lire, à relire, à commenter, à faire diffuser et faire connaître au plus grand nombre.

 

C'est la première fois qu'un mouvement politique édite un projet aussi précis dont l'objectif est de rassembler les français autour de ses idées fortes. Il est la base de notre engagement.

 

Voici le lien pour obtenir ce document : "LIVRE ORANGE"

04 décembre 2009

BAYROU VEUT UNE COALITION AUTOUR DU MODEM

Au moment où s'ouvre à ARRAS le Congrès "programmatique" de notre Mouvement, est parue dans LE FIGARO (du 4/12/09) une intéressante interview de François BAYROU.


Il y aborde nombre sujets touchant l'actualité en général et la future stratégie du Mouvement Démocrate qu'il proposera aux adhérents réunis à ARRAS. C'est une réponse à bon nombre d'interrogations qui nous interpellent actuellement.


Voici le lien du FIGARO