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11 avril 2021

L'ENA, LE BOUC ÉMISSAIRE

TRIBUNE LIBRE

de Jean-Michel BRETONNIER

politique,faits de société- L’ENA est-il un parfait bouc émissaire face aux maux français ? Emmanuel Macron avait-il besoin d’un tel trophée pour le prouver ?

Il a cependant sacrifié et offert au pays cette institution voulue et créée par Charles De Gaulle lui-même dès les lendemains de la libération.
 
L'ENA - École Nationale d’Administration -  présente-t'elle donc l’avantage de concentrer sur ses trois lettres la rancune des administrés et des citoyens contre la bureaucratie de notre administration et l’élitisme latent de la classe politique, mal français que nul ne conteste ?

C’est même si avantageux, et si peu dangereux, que de se payer l’ENA, c’en est devenu une des rengaines de la démagogie nationale. L’ENA et ses travers ont généré au fil de décennies tout un répertoire d’histoires, certaines parfois très drôles.

C’est vrai que le petit nombre d’élèves par promotion et leur omniprésence ensuite dans les plus hautes sphères de l’État et des grandes entreprises nationales pouvaient conduire au procès en uniformité des dirigeants du pays.

Un même moule pour l’élite tant du public que du privé. Il est vrai aussi que l’idéalisation de son excellence a conduit l’École à faire du classement de sortie une prédestination à vie. Les mieux classés, à 25 ans, déboulent pour donner des leçons à tout le monde et trustent les meilleures places, qu’ils conservent jusqu’au terme de leur - souvent - brillante carrière.

Il fallait donc rénover cette vieille maison.

Mais ce qu’annonce ensuite Emmanuel Macron est plus large : remplacement de l’ENA par l’Institut du Service Public (ISP), dont les diplômés devront faire leurs preuves dans des fonctions opérationnelles avant de prendre des postes de direction. Cet ISP dispensera donc, dès Janvier 2022, l’enseignement du futur tronc commun aux prochains administrateurs de l’État (magistrats, directeurs d’hôpitaux, commissaires, etc).

Pourquoi pas ?

Mais on ne voit cependant pas bien pourquoi l’ENA ne pouvait pas rester l’ENA dans ce cadre. Sauf à considérer peut-être qu’il fallait au futur candidat Macron une réforme symbolique et apparemment populaire.

Apparemment, c'est parce qu’il est bien possible que l’ENA fasse partie de ces objets que les Français aiment détester, plus qu’ils ne les détestent vraiment. Où se trouve la logique dans tout ce remue-ménage ?