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22 mars 2022

UKRAINE ASSIÉGÉE = RUSSIE ISOLÉE

TRIBUNE LIBRE

de Jean-Michel BRETONNIER

L’admirable résistance ukrainienne a largement gagné le cœur des Occidentaux. Mais c'est la Russie qui le le paiera - et cher - tant qu’elle sera poutinienne. 

politique,faits de sociétéCe n’est pas la première guerre qui s’invite tous les jours aux « 20 h ». Mais celle-ci se déroule sur notre continent, et selon des modalités « classiques » qui évoquent chez nous des réminiscences. La force brute et l’agressivité sont d’un côté, quand la résistance et la morale sont de l’autre. Quotidiennement, les opinions occidentales s’émeuvent au spectacle de ces populations de civils fuyant la mort et la souffrance. L’empathie est telle en faveur de la nation agressée que les images du conflit jouent et joueront un rôle clef dans sa résolution.

Vladimir Poutine ne peut se laisser impressionner par la solidarité des sociétés européennes envers l’Ukraine assiégée et sa population, l’envoi de riz et de chaussettes, et l’accueil de réfugiés chez l’habitant. En revanche, la fourniture d’armes aux combattants ukrainiens par l’Europe et les États-Unis le dérange beaucoup plus. Or, les deux élans sont liés. Dans nos démocraties libérales, l’opinion pèse lourd dans la prise de décisions. Les gouvernements occidentaux ont un intérêt géopolitique et un intérêt de politique intérieure à ne pas lâcher l’Ukraine.

Mais pour combien de temps encore nos civilisations occidentales pourront rester les bras croisés et comme impuissantes devant la montée en charge des exactions de Mr Poutine contre les civils et les destructions d'immeubles, de logements, de viles et bourgs entiers et de leurs outils de travail  ? Nos opinions commencent à s'interroger à juste titre si, sous couvert de l'OTAN, elles ne devront pas, alors, intervenir militairement dans le ciel ukrainien pour faire cesser ces crimes contre l'humanité, tout en prenant grand soin de ne jamais franchir la frontière entre Ukraine et Russie et donner alors prétexte à l'actuel locataire du Kremlin d'aller encore plus loin dans l'horreur.

Les Ukrainiens, qui voudraient certes une intervention militaire plus décisive de la part des Occidentaux, n’en sont pas moins, pour le moment, sensibles aux marques de fraternité que leur témoignent les Européens. Ils auraient résisté de toute manière, mais ils savent que l’extrême courage dont ils font preuve est regardé et suivi à travers le monde. Aujourd’hui, c’est l’Ukraine qui est assiégée, mais c’est la Russie qui est coupée du monde.

Ce rejet de l’agression russe et ce soutien à la résistance ukrainienne de la part des opinions occidentales modifient d’ores et déjà le cours de la guerre. Et même quand l’émotion se sera émoussée, ces sentiments continueront de bouleverser les relations entre le pouvoir russe et l’Occident.

Le monde est devenu impitoyablement dangereux par dessus nos volontés. Et il faut y faire face désormais avec lucidité.

 

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