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25 mars 2024

POUTINE et l'art du mensonge

TRIBUNE LIBRE

de François VAN DE VILLE

Il n’y a plus de place que pour le mensonge dans la parole de Vladimir Poutine. La réalité même des faits n’existe plus.
 
Quand les autorités américaines le préviennent, il y a quelques jours, de menaces terroristes qui pèsent sur son pays, il les réfute, devant des responsables de ses services secrets, en accusant les États-Unis de vouloir, par ces informations, « déstabiliser » la Russie. Lorsqu’il prend la parole à la télévision après le carnage perpétré dans une salle de spectacle près de Moscou, il ne cite pas l’État islamique, qui aura pourtant revendiqué deux fois cet attentat. Il n’hésite pas à suggérer, en revanche, la complicité de l’Ukraine.
 
Vladimir Poutine choisit d’occulter l’État islamique, ennemi réel de la Russie, pour mieux désigner à la haine de son peuple l’ennemi qu’il a fabriqué de toutes pièces, l’Ukraine. Admettre la responsabilité du terrorisme islamiste dans l’attentat serait reconnaître la vulnérabilité du pouvoir qu’il incarne et avouer que les dictatures ne protègent pas mieux leurs peuples que ne le font les démocraties. « Mouiller » l’Ukraine présente en revanche l’avantage de légitimer les efforts de guerre et le sacrifice de leurs vies demandés aux Russes. Leur président prépare ainsi les prétextes qui justifieront demain de plus durs efforts et de plus cruels sacrifices encore.
 
Le procédé fonctionnera probablement. Le pouvoir russe et son peuple sont, pour l’instant, engagés dans une même logique de guerre qui suppose le mensonge pour le premier et l’aveuglement volontaire pour le second. On estime à 350.000 les soldats russes tués ou blessés sur le front ukrainien. Il serait impossible à l’opinion russe d’accepter sans honte sa soumission à une telle boucherie si elle refusait de voir, dans l’ennemi ukrainien inventé par leur président, le diable duquel tout ce mal procède, y compris le terrorisme.

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