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27 mars 2024

ECONOMIES : LE BON CHOIX ?

TRIBUNE LIBRE

de François VAN DE VILLE

Chacun se souvient de cette apostrophe du Président Macron lorsque, répondant à un jeune chômeur qui l'abordait alors, il lui répondit : "Je traverse la rue et je vous trouverai un travail". On se souvient combien cette réplique avait, alors, suscité d'abondantes réactions, parfois indignées.

Voici donc que maintenant, alors  que la France se trouve aujourd'hui confrontée à une situation financière plus que périlleuse pour les années à suivre et les facilités sociales qu'elle s'est accordées (peut-être un peu prématurément généreuses ?), alors qu'il convient de toute urgence de prendre des mesures pour endiguer cette menace de naufrage de notre économie, il semble à beaucoup que l'intervention du Premier Ministre semblerait stigmatiser prioritairement la question du chômage comme remède placé en exergue pour répondre à celle-ci.

Les faits semblent cependant, (en apparence peut-être :?), démentir cette situation : si un réajustement de "l'assurance chômage" était à nouveau (et déjà) en étude pour être mis en œuvre d'ici la fin de cette année, si l'on s'en remet ensuite aux travaux de l'INSEE, il s'avèrerait que notre taux de chômage en France resterait assez stable. Voire même : il serait actuellement le plus bas depuis 2008, soit à ±7,2% sur le plan national. Mieux : il se trouverait aujourd'hui que plusieurs centaines de milliers d'emplois sont offerts sur le marché du travail mais ne trouvent pas de preneurs, ce qui provoqueraient de graves problèmes à des dizaines de milliers d'entreprises dont les activités seraient même menacées par ce manque d'intérêt des chômeurs en cours qui n'accourent pas pour les saisir.

Pourtant, et c'est là  une autre réalité, c'est  méconnaître les difficultés pour les femmes ou les hommes, de retrouver un emploi lorsqu'ils s'en trouvent privés. Nous voilà donc en pleine contradiction face à ce constat surprenant.

Notre Premier Ministre propose cependant plusieurs mesures pour activer au plus tôt ces prises d'emploi aujourd'hui boudées : * faire baisser la durée d'indemnisation des chômeurs en la passant de 18 à 12 mois * faire baisser la durée du travail œuvré précédemment par le futur chômeur pour bénéficier ensuite de son assurance chômage  * réexaminer le montant payé au titre de cette assurance * etc...

Est-cela la seule, ou l'une des principales, portes ouvertes pour tendre à de sérieuses économies dont la France a grand besoin de toute urgence ? Mais est-ce là aussi le bon choix, voire celui prioritaire avant tout autre poste à examiner ? Certes, il est louable de vouloir faire baisser à bref délai le taux de chômage de ±7,5% actuellement à 5%. Mais faut-il pour autant grignoter les droits des demandeurs d'emploi comme principale source d'économies alors que le réservoir des économies possibles est vaste à fouiller dans de nombreux autres domaines ?

Les autres sources d'économies sont très nombreuses. Pourquoi choisir celle-là et la mettre en exergue, avant toutes les innombrables autres ? Mais il est vrai que celle-ci est la plus facilement abordable, alors que tant d'autres exigent une autre vertu : celle d'avoir le courage politique de les aborder. Et la situation actuelle ne s'y prête guère, il faut le reconnaître.

Vastes débats qui s'ouvrent donc devant nous, mais auxquels nous ne pourrons échapper.

L'été promet d'être chaud. Très chaud même !

25 mars 2024

POUTINE et l'art du mensonge

TRIBUNE LIBRE

de François VAN DE VILLE

Il n’y a plus de place que pour le mensonge dans la parole de Vladimir Poutine. La réalité même des faits n’existe plus.
 
Quand les autorités américaines le préviennent, il y a quelques jours, de menaces terroristes qui pèsent sur son pays, il les réfute, devant des responsables de ses services secrets, en accusant les États-Unis de vouloir, par ces informations, « déstabiliser » la Russie. Lorsqu’il prend la parole à la télévision après le carnage perpétré dans une salle de spectacle près de Moscou, il ne cite pas l’État islamique, qui aura pourtant revendiqué deux fois cet attentat. Il n’hésite pas à suggérer, en revanche, la complicité de l’Ukraine.
 
Vladimir Poutine choisit d’occulter l’État islamique, ennemi réel de la Russie, pour mieux désigner à la haine de son peuple l’ennemi qu’il a fabriqué de toutes pièces, l’Ukraine. Admettre la responsabilité du terrorisme islamiste dans l’attentat serait reconnaître la vulnérabilité du pouvoir qu’il incarne et avouer que les dictatures ne protègent pas mieux leurs peuples que ne le font les démocraties. « Mouiller » l’Ukraine présente en revanche l’avantage de légitimer les efforts de guerre et le sacrifice de leurs vies demandés aux Russes. Leur président prépare ainsi les prétextes qui justifieront demain de plus durs efforts et de plus cruels sacrifices encore.
 
Le procédé fonctionnera probablement. Le pouvoir russe et son peuple sont, pour l’instant, engagés dans une même logique de guerre qui suppose le mensonge pour le premier et l’aveuglement volontaire pour le second. On estime à 350.000 les soldats russes tués ou blessés sur le front ukrainien. Il serait impossible à l’opinion russe d’accepter sans honte sa soumission à une telle boucherie si elle refusait de voir, dans l’ennemi ukrainien inventé par leur président, le diable duquel tout ce mal procède, y compris le terrorisme.

05 novembre 2022

IL EST TEMPS D'AGIR....

TRIBUNE LIBRE

de François VAN DE VILLE

La toute récente polémique qui a suivi les propos d'un député RN démontre, s'il en était besoin, une nouvelle fois la violence des échanges à l’Assemblée Nationale, comme le décrit Philippe Berta dans son interview à Objectif Gard.

politiqueC’est un nouveau choc dont il faut, une nouvelle fois, rappeler que ce lieu - l'Assemblée - est l’écrin dans lequel doit battre le cœur de notre république et où doivent s'écrire et vivre les règles de la démocratie dont elle est le berceau.

Un choc de plus, après tant d'autres venus de tous bords qui avaient aussi, récemment, secoué les députés et tous les observateurs : qu’il s’agisse du rappel à l’ordre prononcé par la Présidente de l'Assemblée à l’encontre d’une députée "Renaissance" qui avait taxé le RN de "xénophobie", ou encore de la plus discrète mais très récente polémique qui avait suivi les propos d’une élue RN estimant que la Société Nationale du Sauvetage en Mer (SNSM) n’avait pas à y aller chercher des migrants. Passons sur ce type d'échanges qui ne servent qu'à desservir…

L’interpellation, hier jeudi, d'un député RN lançant, cette fois-ci, «qu’il retourne en Afrique», alors que s’exprimait son autre collègue, lui d'extrême gauche, est bien raciste : il ne faut pas se cacher derrière d’autres mots, qu'ils soient prononcés au pluriel (s’adressant alors aux migrants qui risquent leurs vies sur des bateaux de honte), ou prononcés au singulier, ou s’adressant au député orateur de gauche, bouleversé lui-même d’être «renvoyé à sa couleur de peau» (d'origine africaine). C’est donc un nouveau choc, un de plus, un de trop.

S’il faut dénoncer les tentatives opportunistes de récupération - et ils sont légion à tout instant comme le décrit le député MoDem Philippe Berta - il ne faut pas être naïf : ces récupérations proviennent des seuls élus, tant de gauche comme ceux de droite. 

Force est d'observer que le parti d'extrême droite - le RN - est entré en force, au printemps dernier, dans cet écrin qu'est notre Assemblée Nationale. Il y est rentré avec sa propre histoire, avec ses racines "historiques" que l'on ne connait que trop, et ses convictions aussi incertaines soient-elles mais qu'il entend bien défendre ici et là. Mais le RN, au lieu de chérir cette grandeur trouvée et née de tant de batailles précédemment perdues (et aussi due à une partie de "sa" population de plus en plus reconnue à mesure qu’une certaine classe politique ne cesse de lui faire de l’œil à la moindre occasion), le RN donc, loin d'y contribuer, se livre, de nouveau et surtout à ses vieux démons habituels et ne cesse d'électriser les débats au lieu de les faire vivre, ni de faire triompher par dessus tout la démocratie et nos valeurs républicaines. Force est aussi de reconnaître que sa "grandeur", malgré des apparences vestimentaires soignées, ne parvient pas à se hisser au dessus de ses caniveaux nauséabonds qu'il affectionne et de ses insultes indignes habituelles.

Les vieux démons sont de retour malgré les circonstances.

Mais force encore est de reconnaître que le RN n'est pas seul à mériter ces reproches : ses rivaux de l'extrême-gauche - seraient-ils issus de la même école ? -  se complaisent aussi aisément aux mêmes dérives suicidaires de notre démocratie ? La tâche que ces deux extrêmes jette sur notre Assemblée mérite bien des sanctions identiques que celles prononcées aujourd'hui pour celles et ceux qui la répandent : il est  inutile de le,cacher.

Le discours, aujourd'hui 4 Novembre, prononcé du haut de la tribune de l'Assemblée Nationale par sa Présidente laisse paraître une volonté de rétablir nos valeurs républicaines. La sanction qui a frappé aujourd'hui le député RN incriminée ce jour ne peut être ignorée quand d'autres dérives semblables sont proférées par l'un ou l'autre des camps rivaux.

C'est le prix à payer pour sauver une démocratie qui se délite par la faute de quelques-uns ou unes. Il est urgent d'agir.

03:05 Publié dans TRIBUNE LIBRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique

22 mars 2022

UKRAINE ASSIÉGÉE = RUSSIE ISOLÉE

TRIBUNE LIBRE

de Jean-Michel BRETONNIER

L’admirable résistance ukrainienne a largement gagné le cœur des Occidentaux. Mais c'est la Russie qui le le paiera - et cher - tant qu’elle sera poutinienne. 

politique,faits de sociétéCe n’est pas la première guerre qui s’invite tous les jours aux « 20 h ». Mais celle-ci se déroule sur notre continent, et selon des modalités « classiques » qui évoquent chez nous des réminiscences. La force brute et l’agressivité sont d’un côté, quand la résistance et la morale sont de l’autre. Quotidiennement, les opinions occidentales s’émeuvent au spectacle de ces populations de civils fuyant la mort et la souffrance. L’empathie est telle en faveur de la nation agressée que les images du conflit jouent et joueront un rôle clef dans sa résolution.

Vladimir Poutine ne peut se laisser impressionner par la solidarité des sociétés européennes envers l’Ukraine assiégée et sa population, l’envoi de riz et de chaussettes, et l’accueil de réfugiés chez l’habitant. En revanche, la fourniture d’armes aux combattants ukrainiens par l’Europe et les États-Unis le dérange beaucoup plus. Or, les deux élans sont liés. Dans nos démocraties libérales, l’opinion pèse lourd dans la prise de décisions. Les gouvernements occidentaux ont un intérêt géopolitique et un intérêt de politique intérieure à ne pas lâcher l’Ukraine.

Mais pour combien de temps encore nos civilisations occidentales pourront rester les bras croisés et comme impuissantes devant la montée en charge des exactions de Mr Poutine contre les civils et les destructions d'immeubles, de logements, de viles et bourgs entiers et de leurs outils de travail  ? Nos opinions commencent à s'interroger à juste titre si, sous couvert de l'OTAN, elles ne devront pas, alors, intervenir militairement dans le ciel ukrainien pour faire cesser ces crimes contre l'humanité, tout en prenant grand soin de ne jamais franchir la frontière entre Ukraine et Russie et donner alors prétexte à l'actuel locataire du Kremlin d'aller encore plus loin dans l'horreur.

Les Ukrainiens, qui voudraient certes une intervention militaire plus décisive de la part des Occidentaux, n’en sont pas moins, pour le moment, sensibles aux marques de fraternité que leur témoignent les Européens. Ils auraient résisté de toute manière, mais ils savent que l’extrême courage dont ils font preuve est regardé et suivi à travers le monde. Aujourd’hui, c’est l’Ukraine qui est assiégée, mais c’est la Russie qui est coupée du monde.

Ce rejet de l’agression russe et ce soutien à la résistance ukrainienne de la part des opinions occidentales modifient d’ores et déjà le cours de la guerre. Et même quand l’émotion se sera émoussée, ces sentiments continueront de bouleverser les relations entre le pouvoir russe et l’Occident.

Le monde est devenu impitoyablement dangereux par dessus nos volontés. Et il faut y faire face désormais avec lucidité.

 

01 août 2021

LE SANG-FROID de nos sociétés démocratiques

TRIBUNE LIBRE

de Jean-Michel BRETONNIER

Politique, Faits de Société- Plus notre société résiste à l’épidémie et à ses conséquences, avec sang-froid et raison, et plus les "anti-vax" manifestent bruyamment. 
 
Ce qu’on vit depuis mars 2020 devient éprouvant : depuis 18 mois, nous subissons les caprices d’un coronavirus qui décide de tout, décide de notre santé comme de notre vie quotidienne, de notre conjoncture économique, de nos aléas sociaux, et qui, de surcroit, cherche à contourner toutes les défenses que nous lui opposons. Sa ruse la plus funeste étant désormais de muter pour devenir sans cesse plus contagieux.

Plusieurs fois, on s’est cru tirés d’affaire : plusieurs fois, on a déchanté. Ce niuveau Covid impose illusions et désillusions à la société toute entière : nous vivons aujourd'hui comme sur des montagnes russes.

Et pourtant notre société résiste. Et pourtant nous tenons bon.

Les décisions politiques et les mesures administratives ont permis à la collectivité de ne pas sombrer. Les individus, dans leur écrasante majorité, ont conservé leur sang-froid et n’ont pas renoncé à la raison : masques, gestes barrières, confinement, télétravail, tests, vaccins, nous avons accepté restrictions comme sacrifices pour protéger notre propre santé, mais aussi au nom de l’intérêt général.

Une notion qu’on croyait pourtant disparue sous les assauts d’un réel individualisme triomphant. Bravo !

Ce qui se passe aujourd'hui démontre que nos démocraties libérales régissent désormais des sociétés beaucoup plus solides et solidaires qu’on ne le pensait. On croyait nos régimes condamnés à l’impuissance face à l’impérieux sujet individuel, face à une société consumériste, face aussi à une civilisation qui ne croit plus en elle-même. Non ! Nos démocraties ont, tout au contraire, su imposer des mesures collectives contraignantes, sans entrer pour autant en conflit avec la société. Sauf, inévitablement, pour une partie d’entr'elles : celles et ceux qui, en France, errent le samedi à la mode "gilets jaunes" comme dans un rituel fataliste visant essentiellement les forces de l'ordre présentes pourtant pour les protéger, mais comme dans un jeu de massacre de fête foraine.

Nos démocraties libérales sont pourtant si fortes qu’elles supportent de surcroît ces outrances et leurs délires, ceux d’une grosse minorité de citoyens prêts à tout croire, pourvu que ce ne soit ni la voix d’une autorité, fut-elle élue démocratiquement, ni celle de toute raison, même la plus prudente.

Ainsi va notre monde.

13 mai 2021

L'APRÈS COVID 19

BILLET de  François VAN DE VILLE

mondial.jpg- Comme chacun sait, l'histoire est toujours un domaine très ouvert, ce qui rend l'histoire très imprévisible.

Pourtant, en certaines circonstances, il est plus facile de prévoir le moyen et le long terme que le court terme. Et si l'on en doutait quelque peu, le Covid 19 pourrait en être la preuve.

Il y a peu encore en effet, en matière de court terme, qui pouvait imaginer le pire sur l'évolution de cette soudaine pandémie ? Et on a vu apparaître très vite  des systèmes de santé saturés, des personnels épuisés, des morts par centaines de milliers pour les plus proches de notre continent (ou les millions par ailleurs), des contraintes sans précédent en matière de liberté d'entreprendre, de se déplacer, d'entretenir nos modes de vie, et aussi des ruptures d'approvisionnements, même en matériels de santé ou sanitaires, et aussi encore des interrogations sans réponses satisfaisantes de la part de ceux qu'on considérait souvent comme les responsables de ces manquements, et tout ce qui s'en suit pour ensuite douter de leurs explications si peu simples à formuler.

En fait, nous étions tous, sans exception aucune, emportés dans une vague déferlante et imprévisible dont personne ne voyait comment s'en échapper.

Puis, de façon toute aussi imprévisible, une timide fenêtre s'est ouverte avec l'apparition de vaccins dont nul ne pressentait la naissance en si peu de délai, fenêtre dont beaucoup n'osait même s'approcher par crainte qu'il ne s'agisse que d'un mirage trompeur. C'était toujours du court terme, mais à puissance inédite.

Mais si, s'éloignant de ce court terme, l'on regarde un peu plus loin, quelques évidences apparaissent.

Cette crise sanitaire a sonné le glas de la mondialisation et de l'idéologie progressiste dominante qui, jusque là, faisaient loi.

Certes, les grandes épidémies de l'Antiquité ou du Moyen Âge (ou encore celles plus récentes), ces épidémies n'ont eu nul besoin de connaître la mondialisation pour faire aussi des millions de morts. Cependant, aujourd'hui, il tombe sous le sens que la généralisation des transports, comme des échanges ou des communications n'a pu qu'aggraver les choses. Le Covid 19 a fait "comme tout le monde" : il a circulé au rythme de cette généralisation d'échanges.

Eh bien aujourd'hui, on ne circule plus !

Je lisais tout récemment que même le tunnel sous la Manche a vu sa circulation de trains réduite de 90%, mettant en péril l'Eurostar qui n'assure plus chaque jour qu'un seul aller-retour depuis Londres jusque Paris ou Bruxelles. Qui l'eut cru il y a quelques mois encore, comme la réduction drastique de fréquentation de nos TGV nationaux ? Autrement dit, on a rompu avec le principe de la libre circulation des hommes, des marchandises ou encore des capitaux.

Ce n'est pas la fin "du monde", mais la fin "d'un monde".

Rappelons-nous que la mondialisation reposait surtout sur l'impératif de produire, de vendre ou d'acheter, de bouger, de circuler, d'avancer et de se mélanger dans un vaste "vivre ensemble". Elle reposait aussi sur l'idéologie du progrès et l'idée que l'économie devait définitivement supplanter le "politique". Mais voilà que - Patatras ! - alors qu'on nous vantait le mouvement, le "bougisme" et le déracinement, tout est à l'arrêt et bon nombre de respirations sont désormais placées sous oxygène passager.

Qu'en sera-t-il quand celui-ce se tarira et les robinets fermeront sous le poids d'une dette in-maîtrisable ? 

Et maintenant, qu'est-ce qui s'annonce ?

Cette crise économique et sociale pourrait bien déboucher sur une nouvelle crise financière qui pourrait nous faire oublier celle de 2008 de par son ampleur. Le Covid 19 n'en sera pas le déclencheur mais il en aura été simplement le catalyseur.

Par ailleurs, il n'est pas exclu qu'on doive aussi traiter simultanément une crise sanitaire, comme celle économique évoquée plus haut, mais encore celle sociale, celle écologique ou celle autre migratoire. Une véritable conjonction de catastrophes, un autre "tsunami" à venir.

"Nous sommes en guerre" a déclaré, il y a un an déjà, Mr Macron dans une allocation très discutée. Mais une guerre exige non seulement des moyens, mais aussi des chefs, et des chefs dotés d'autres armes que les promesses de tribunes plus ou moins incompétentes ou irresponsables. Les pistolets à bouchon n'ont plus place dans cette compétition.

Et quand tout cela sera passé, car il y aura bien une fin….

Peut-être reviendrons-nous alors au désordre établi de si longue date ? Ou aurons-nous peut-être enfin trouvé le moyen de repartir sur de meilleures bases, éloignées de la marchandisation du monde, du productivisme ou encore du consumérisme à tout prix ?

Je m'efforce d'y croire.

Encore !

11 avril 2021

L'ENA, LE BOUC ÉMISSAIRE

TRIBUNE LIBRE

de Jean-Michel BRETONNIER

politique,faits de société- L’ENA est-il un parfait bouc émissaire face aux maux français ? Emmanuel Macron avait-il besoin d’un tel trophée pour le prouver ?

Il a cependant sacrifié et offert au pays cette institution voulue et créée par Charles De Gaulle lui-même dès les lendemains de la libération.
 
L'ENA - École Nationale d’Administration -  présente-t'elle donc l’avantage de concentrer sur ses trois lettres la rancune des administrés et des citoyens contre la bureaucratie de notre administration et l’élitisme latent de la classe politique, mal français que nul ne conteste ?

C’est même si avantageux, et si peu dangereux, que de se payer l’ENA, c’en est devenu une des rengaines de la démagogie nationale. L’ENA et ses travers ont généré au fil de décennies tout un répertoire d’histoires, certaines parfois très drôles.

C’est vrai que le petit nombre d’élèves par promotion et leur omniprésence ensuite dans les plus hautes sphères de l’État et des grandes entreprises nationales pouvaient conduire au procès en uniformité des dirigeants du pays.

Un même moule pour l’élite tant du public que du privé. Il est vrai aussi que l’idéalisation de son excellence a conduit l’École à faire du classement de sortie une prédestination à vie. Les mieux classés, à 25 ans, déboulent pour donner des leçons à tout le monde et trustent les meilleures places, qu’ils conservent jusqu’au terme de leur - souvent - brillante carrière.

Il fallait donc rénover cette vieille maison.

Mais ce qu’annonce ensuite Emmanuel Macron est plus large : remplacement de l’ENA par l’Institut du Service Public (ISP), dont les diplômés devront faire leurs preuves dans des fonctions opérationnelles avant de prendre des postes de direction. Cet ISP dispensera donc, dès Janvier 2022, l’enseignement du futur tronc commun aux prochains administrateurs de l’État (magistrats, directeurs d’hôpitaux, commissaires, etc).

Pourquoi pas ?

Mais on ne voit cependant pas bien pourquoi l’ENA ne pouvait pas rester l’ENA dans ce cadre. Sauf à considérer peut-être qu’il fallait au futur candidat Macron une réforme symbolique et apparemment populaire.

Apparemment, c'est parce qu’il est bien possible que l’ENA fasse partie de ces objets que les Français aiment détester, plus qu’ils ne les détestent vraiment. Où se trouve la logique dans tout ce remue-ménage ?

02 mars 2021

NÎMES & LE TORO-BALLON-BÊTON

TRIBUNE LIBRE

de Philippe BERTA, Député du Gard

berta.jpg- Dans un récent communiqué, le Député Modem du Gard, Philippe BERTA, regrette que la ville de Nîmes soit au centre de l'actualité nationale pour des aspects négatifs

"Sans me prononcer sur le fond de l’affaire en cours qu’il ne m’appartient pas de commenter, je ne peux que regretter qu’une nouvelle fois notre ville de Nîmes ait une image négative face à tout le reste de la France. On ne parle de Nîmes que pour des affaires politico-immobilières scandaleuses ou pour des actes de violence qui marquent la faillite de la municipalité à intégrer ses quartiers. C’est désastreux."

Et Philippe Berta de poursuivre : "Que ces opérations soient légales ou pas, si nos édiles portaient moins d’attention aux projets immobiliers et au béton – le fameux "embellissement"et un peu plus au développement économique et à la cohésion sociale, à la création de centres de création de richesses et non de dépenses, nous en sortirions tous grandis".

"Que dire encore de ces élus locaux qui ont fait dériver le mandat en métier et qui, pour certains, n'ont même jamais travaillé, ni montré leurs capacités sur le terrain de la vraie vie".

"Le "toro-ballon-béton" populiste qui nous est vendu de façon permanente nous montre ses limites et nous entraine vers la misère et la violence".

"Quel désastre !"

23 février 2021

ISLAMO-GAUCHISME : la polémique

TRIBUNE LIBRE

de Jean-Michel BRETONNIER

et François VAN DE VILLE

politique,faits de société- Au-delà du sujet lui-même, particulièrement mal posé tel qu'on le présente actuellement, il reste que nous avons le droit de savoir quel type de société prépare les enseignements universitaires.

Pourtant, ce n’est pas parce qu’une polémique est mal emmanchée - ce qui est souvent le cas - qu’elle ne révèle pas l’existence d’un sujet digne d’intérêt. Il existe bien une convergence, dans notre société (donc aussi à l’université !) entre des idéologies de gauche radicale et certains courants de pensée islamistes. D’où la notion d’islamo-gauchisme.

Au-delà de ce phénomène se développent, dans les cours et les colloques universitaires, de nombreuses études autour du genre, de la "race" et/ou des classes sociales. Les sujets méritent donc qu’on s’y penche, évidemment. Le tout étant de savoir comment et dans quel but.

C’est ce que proposent un certain nombre d’universitaires dans une tribune adressée au journal "Le Monde" : ils demandent que le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (HCERES) apprécie la qualité des productions universitaires. Il se trouve aussi qu’une partie de cette offre, en s’exonérant des disciplines d’enseignement éprouvées et en se raccrochant au genre des "studies" (d’origine américaine) s’expose aux marottes, aux outrances, voire aux ridicules d’un militantisme à prétention scientifique.

L’étude de cet organisme aurait également l’immense intérêt de mesurer l’étendue des dégâts. Entre ceux qui nient tout problème – soit qu’ils en sont partie prenante, soit qu’ils ont un intérêt politique à le faire – et ceux qui considèrent que l’université est tout entière gangrenée par le phénomène, il serait bon d’en connaître l’ampleur.

Les universitaires doivent, bien sûr, rester libres de choisir leurs travaux de recherche. Mais nous avons tous le droit de savoir quel avenir ils nous préparent : les idées façonnent la société.

Savoir, par exemple, si l’université devient, ou non, le théâtre d’une lutte acharnée entre tenants d’un universalisme politique et moral et/ou tenants d’un communautarisme militant.

Le débat ne fait que commencer. Mais, trop grave en soi, il ne mérite pas l'indifférence.

10 janvier 2021

DONALD TRUMP ET LA DÉMOCRATIE

TRIBUNE LIBRE

de Jean-Michel BRETONNIER

et François VAN DE VILLE

demo.jpg- En trustant autant de tares morales et d’insuffisances, Donald Trump aura quand même eu le mérite de réhabiliter le rôle de l’incarnation en politique.

Le "trumpisme" n’aurait guère été possible sans la vague de démagogie, de nationalisme et d’autoritarisme qui balaie le monde, ni davantage sans la radicalisation politique et religieuse en cours aux États-Unis. Mais tout ceci n’existerait pas sans Donald Trump.

Cette évidence doit être rappelée quand certains refusent l’approche psychologique de la catastrophe électorale de 2016. Car l'élection de Trump en 2016 fut bien une catastrophe. Comme si la politique n’était que la seule résultante de forces économiques et sociales. Comme si son incarnation ne comptait pas. Comme si nous étions prêts à nous laisser gouverner par une super intelligence artificielle.

La moitié des électeurs américains avaient en effet, après le Président Barack Obama, porté à leur tête cet homme-là, et pas un autre. Doté d’une personnalité foncièrement perverse, la plupart de ses décisions ne pouvaient être que nuisibles. Et elles le furent à chaque rendez-vous qui ont suivi.

En reprochant aujourd'hui à ses soutiens "d’avoir sali la démocratie" immédiatement après les avoir exhortés quelques heures auparavant à marcher sur le Capitole, Donald Trump affichait aussi son total cynisme comme sa lâcheté. Mais tant le candidat que le président avaient, en quelques années, exposé l’étendue de ses tares morales et dévoilé ses limites intellectuelles.

Cynique et lâche, mais aussi menteur, manipulateur, narcissique, mégalomane, paranoïaque, impulsif, raciste, xénophobe, misogyne, inculte, inconséquent, brutal, vénal, vaniteux, puéril, paresseux, démagogue, despotique, séditieux, indécent…

Alors pourquoi donc 74 millions d’Américains ont-ils pu voter, hier, pour un pareil épouvantail ? La question mérite d'être posée.

Peut-être - qui sait ? - par un dégagisme radical jusqu’à l’absurde.

La démocratie représentative étant fondée sur le choix, pour la guider, du meilleur parmi l’élite, les citoyens qui la considèrent en échec et qui rejettent aujourd'hui "le système" cherchent apparemment, tout au contraire, à élire celui que les élites détestent le plus.

Même si c’est le pire.

Mais ceci a un prix, et c'est la démocratie elle-même qui devra payer. Et pas seulement dans les seules limites du continent d'outre-atlantique : cela nous concerne aussi, comme les valeurs que nous défendons et qui sont la base de nos démocraties. Et toute cette laborieuse construction risque, aujourd'hui, d'être ébranlée.

Nous ne pouvons donc rester indifférents.