10 janvier 2021
DONALD TRUMP ET LA DÉMOCRATIE
TRIBUNE LIBRE
de Jean-Michel BRETONNIER
et François VAN DE VILLE
- En trustant autant de tares morales et d’insuffisances, Donald Trump aura quand même eu le mérite de réhabiliter le rôle de l’incarnation en politique.
Le "trumpisme" n’aurait guère été possible sans la vague de démagogie, de nationalisme et d’autoritarisme qui balaie le monde, ni davantage sans la radicalisation politique et religieuse en cours aux États-Unis. Mais tout ceci n’existerait pas sans Donald Trump.
Cette évidence doit être rappelée quand certains refusent l’approche psychologique de la catastrophe électorale de 2016. Car l'élection de Trump en 2016 fut bien une catastrophe. Comme si la politique n’était que la seule résultante de forces économiques et sociales. Comme si son incarnation ne comptait pas. Comme si nous étions prêts à nous laisser gouverner par une super intelligence artificielle.
La moitié des électeurs américains avaient en effet, après le Président Barack Obama, porté à leur tête cet homme-là, et pas un autre. Doté d’une personnalité foncièrement perverse, la plupart de ses décisions ne pouvaient être que nuisibles. Et elles le furent à chaque rendez-vous qui ont suivi.
En reprochant aujourd'hui à ses soutiens "d’avoir sali la démocratie" immédiatement après les avoir exhortés quelques heures auparavant à marcher sur le Capitole, Donald Trump affichait aussi son total cynisme comme sa lâcheté. Mais tant le candidat que le président avaient, en quelques années, exposé l’étendue de ses tares morales et dévoilé ses limites intellectuelles.
Cynique et lâche, mais aussi menteur, manipulateur, narcissique, mégalomane, paranoïaque, impulsif, raciste, xénophobe, misogyne, inculte, inconséquent, brutal, vénal, vaniteux, puéril, paresseux, démagogue, despotique, séditieux, indécent…
Alors pourquoi donc 74 millions d’Américains ont-ils pu voter, hier, pour un pareil épouvantail ? La question mérite d'être posée.
Peut-être - qui sait ? - par un dégagisme radical jusqu’à l’absurde.
La démocratie représentative étant fondée sur le choix, pour la guider, du meilleur parmi l’élite, les citoyens qui la considèrent en échec et qui rejettent aujourd'hui "le système" cherchent apparemment, tout au contraire, à élire celui que les élites détestent le plus.
Même si c’est le pire.
Mais ceci a un prix, et c'est la démocratie elle-même qui devra payer. Et pas seulement dans les seules limites du continent d'outre-atlantique : cela nous concerne aussi, comme les valeurs que nous défendons et qui sont la base de nos démocraties. Et toute cette laborieuse construction risque, aujourd'hui, d'être ébranlée.
Nous ne pouvons donc rester indifférents.
18:11 Publié dans TRIBUNE LIBRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : faits de société, politique
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