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22 décembre 2020

LE POUVOIR ET LES FRANÇAIS

politique,mouvement démocrate,faits de société- Moins les Français ont confiance dans leurs gouvernants, et plus ils se tournent indirectement vers une sorte d'État omnipotent. À moins de penser que les Français seraient génétiquement programmés pour se méfier de tout, on doit admettre que les causes sont apparemment à la fois culturelles et politiques.

En tout cas, ce phénomène est profondément ancré : en moyenne, 64 % des Allemands, autant ou presque chez les Britanniques, chez les Italiens ou les Espagnols, tous estiment que les dirigeants de leur pays ont été, pendant cette épidémie, à la hauteur des risques encourus. Mais, chez les Français, seuls 39 % de ceux-ci ont accordé le même satisfecit à leurs dirigeants. L’écart de confiance est considérable.

Si nous avons été civiques dans notre grande majorité pendant l’épreuve du confinement, il semble bien que les admonestations, les attestations ou autres sanctions aient fleuri plus généreusement chez nous que chez nos voisins. Si les Français se défient très fort de leurs dirigeants, il apparaît donc que ceux-ci le leur rendent bien. Ces gouvernants, comme les précédents dans une longue tradition, doutent du sens de l’intérêt général de leurs «concitoyens», mais aussi de leur esprit d’initiative et de leur sens des responsabilités.

La gestion de l’épidémie n’a pas été idéale en Allemagne : contrairement à ce qui a été beaucoup dit, le gouvernement allemand n’avait pas mieux anticipé cette crise que le nôtre. On a certes loué que le fédéralisme institutionnel allemand a permis de créer un nombre très élevé de lits d'hospitalisation, mais une très grande partie de ces lits n'avaient pas le nombre suffisant de soignants pour y accueillir des malades. En revanche, le pays tout entier a mieux réagi, et avec plus de souplesse et de réactivité. Le privé était naturellement encouragé à produire des tests, et non pas dissuadé, comme en France, par des textes réglementaires et des concurrences entre structures. La décentralisation allemande y a permis de déployer plus vite et mieux une politique de prévention de la contamination.

Notre jeune et moderne Président français - Emmanuel Macron - avait, au cours de sa campagne, prôné la transformation du pays : il parlait même de révolution. On s'en souvient. Mais malgré ces promesses, en termes de décentralisation de la puissance publique ou de libération des initiatives privées, ou encore de renforcement des corps intermédiaires, notre Président s'est heurté frontalement au conservatisme ambiant, héritage de nombreuses décennies de formalisme qu'il n'est toujours pas parvenu encore à briser. Y arrivera-t-il un jour ?

Je vous parlais plus haut d'État omnipotent : en voilà les preuves, politiques et culturelles.

François VAN DE VILLE

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