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23 octobre 2018

COMME UN COUVERCLE QUI SAUTE

TRIBUNE LIBRE

"Comme un couvercle qui saute"

par Hervé FAVRE

La vidéo du lycéen pointant une arme factice sur une enseignante  a déclenché une vague de témoignages.

braquage.jpgUn lycéen qui braque sa professeure avec une arme pour lui faire écrire ce qu’il veut sur son carnet de correspondance, on verrait la scène dans un film, on se dirait que le réalisateur en rajoute ! À part peut-être dans les établissements les plus difficiles du Bronx et encore…

Mais nous sommes bien en France, dans l’académie de Créteil et dans un établissement pas spécialement connu pour son climat de violence. En se faisant filmer par un camarade, l’auteur des faits a donné à son acte une publicité qu’il n’imaginait certainement pas et il doit en assumer aujourd’hui les conséquences judiciaires.

Face à cette vidéo choquante, le Ministre, Mr Jean-Michel Blanquer, encourage les lycées à appliquer l’interdiction du téléphone portable aujourd’hui en vigueur à l’école et au collège. Mais sans cette diffusion sur les réseaux sociaux, les faits n’auraient-ils pas rejoint sous le tapis tous ceux que l’Éducation nationale classe sans suite afin d’éviter une mauvaise publicité ?

La scène hallucinante du braquage au lycée de Créteil a fait sauter un couvercle. On voit fleurir par centaines sur Twitter, sous le hashtag #PasDeVague, les témoignages d’enseignants insultés, menacés, parfois bousculés physiquement, à qui leur hiérarchie a demandé de « lâcher l’affaire » pour ne pas nuire à la réputation de leur établissement.

Pas de conseils de classe, encore moins de sanctions pour les élèves fautifs, et défense de se montrer trop susceptibles et sensibles aux agressions verbales ! (Même la hiérarchie de l'établissement où ces faits se sont déroulés hésite souvent de soutenir l'enseignant agressé !)

Les faits reposent aussi, de nouveau (et encore !), la question de la responsabilité des parents dans la conduite de leurs enfants, ce que Jean-Michel Blanquer appelle la « responsabilisation des familles »… Dans Le Parisien, Mr Blanquer ose quand même user du mot « sanctionner ».

Mais, lorsque celui-ci s’engage à « rétablir l’ordre et l’autorité » dans tous les établissements concernés, le ministre pense-t-il aussi à rétablir les moyens humains que cela suppose ?

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