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06 décembre 2019

RETRAITES : LE DIALOGUE IMPOSSIBLE ?

TRIBUNE LIBRE

par  Julien Lécuyer

"RETRAITES : LE DIALOGUE IMPOSSIBLE ?"


grèves.jpg- La France est-elle condamnée à manquer tous ses rendez-vous  de dialogue social ? À rater ses grandes réformes ? On le craint.
 
Beaucoup se piquent de comparer la mobilisation de ce jeudi contre la réforme des retraites avec celle qui mena au rejet du plan Juppé en 1995. Trois arguments pour s’en convaincre :

1°/ la réforme lancée par le Président Jacques Chirac n’était pas prévue dans son programme électoral contre la "fracture sociale", à la différence de celle inscrite dans le programme du candidat Emmanuel Macron.

2°/ lorsqu’Alain Juppé s’attaque aux régimes spéciaux et de la fonction publique, sa loi est votée sans débat à l’Assemblée, dans le silence complice de l’opposition.

3°/ Alain Juppé a fini par démissionner en raison de la soudaine volte-face de Jacques Chirac qui a voulu retirer cette loi mal initiée et incomplète sous sa forme, et non en raison de la réaction de la "rue".

Rien à voir donc en comparaison avec les 2 ans de travail entre partenaires sociaux qu’a exigés le rapport du haut-commissaire chargé des retraites - Mr Jean-Paul Delevoye - complétés par 350 consultations depuis septembre, près de 9.000 contributions en ligne et des ateliers-citoyens en région.

Or, voici donc qu’après ce long temps laissé à la concertation, on en revient au bon vieux principe du bras de fer entre la "rue" et l’exécutif. Les phrases se transforment en slogans. L’intérêt général se mue en doctrine. L’argument se mesure en dizaines de milliers de manifestants ou en pourcentages délivrés par IFOP ou Odoxa. "Ma logique ne sera jamais celle de la confrontation", a déclaré Édouard Philippe. Un mantra qui supporte mal les déclarations précédentes du gouvernement sur les prétendus privilèges des "régimes spéciaux".

À l’opposé, la nécessaire critique du capitalisme, ressurgie de slogans de temps anciens, s’accommode difficilement avec la caricature d’une "classe aisée" en ennemie éternelle du peuple. L'ultime rencontre, lundi, des organisations syndicales et patronales avec le haut-commissaire Jean-Paul Delevoye ne devrait pas, à ce titre, servir à présenter des conclusions unilatérales. En réalité, elle devrait aboutir à un accord.

Et on se met à rêver que les manifestations serviront à retenir les participants à la table des négociations jusqu’à ce qu’ils y parviennent.

Ce dialogue voulu à l'arraché portera-t-il enfin ses fruits ?

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