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08 novembre 2018

HISTOIRE ET POLÉMIQUE

HISTOIRE ET POLÉMIQUE

mouvement démocrate,politiqueEmmanuel Macron juge "légitime" d’associer le Maréchal Pétain à l’hommage militaire rendu aux Invalides à Paris, ce prochain samedi, à tous les vainqueurs de 1918, soldats comme à leurs chefs sans exception aucune, à l'occasion de la commémoration du 100° anniversaire de l'armistice mettant fin à l'un des plus importants charniers de l'Histoire de l'Europe.

Comme on pouvait s’y attendre, cette déclaration a ranimé la flamme de la polémique autour d’un invité posthume encombrant, Philippe Pétain, même si le Président Macron n'a pas prévu y assister et ne sera représenté que par son chef d'état-major.

Pour le Président de la République, rattrapé par le sujet lors de toutes ses étapes de Charleville-Mézières à La Flamengrie, cet hommage est donc "légitime", s’agissant de celui qui a été "pendant la Première Guerre mondiale un grand soldat", avant ses "choix funestes" qui l’ont conduit à la collaboration avec l’occupant nazi en 1940.

Pour beaucoup de voix à gauche, comme pour le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Vichy aurait donc effacé Verdun, et la condamnation à l’indignité nationale prononcée à la Libération par un Tribunal contre l’ancien héros de la Marne devenu complice, vingt-deux ans plus tard, de la déportation des juifs français, ne saurait être levée, fût-ce le temps d’une cérémonie commémorant ses faits d’armes antérieurs.

Mais le CRIF ignore que Montesquieu prévenait, déjà en son temps, qu'un "peuple connait, aime et défend toujours plus l'image gravée dans sa mémoire que les lois", même celles prononcées par un Tribunal quel qu'il fut. Et l'image du vainqueur de Verdun est restée gravée dans notre Histoire par dessus les vicissitudes, même condamnables, qui ont suivi son parcours lors de son naufrage de fin de vie.

Hier encore, dans l’Aisne, Emmanuel Macron a dû revenir de nouveau sur le sujet brûlant pour dire : "Je ne pardonne rien mais je ne gomme rien de notre histoire".

Comme l’ont fait, bien avant lui, tant le Général de Gaulle lui-même, que Pompidou, Giscard d'Estaing et François Mitterrand - qui, tous, avaient connu les deux guerres et les deux faces du Maréchal - Emmanuel Macron a rappelé à son tour cette page de notre Histoire. De Gaulle disait même de Pétain, en 1966, que "la gloire qu’il acquit à Verdun (…) ne saurait être contestée ni méconnue par la Patrie". Et Mitterrand, au grand dam de sa famille politique, fit longtemps fleurir chaque 11 Novembre, pendant 14 ans, la tombe du Maréchal à l’île d’Yeu…

La reconnaissance, beaucoup plus tard en 1995, par Jacques Chirac de la responsabilité de l’État français et de son chef de l’époque dans la déportation des juifs français aurait donc dû clore définitivement le débat. Mais ce débat revient aujourd’hui de plein fouet.

Faut-il s'en étonner ?

Non, l'Histoire, et particulièrement dans ses commémorations, ne peut rien oublier, ni ses parts de lumière ni celles de ses ombres : les deux restent intimement liées l'une à l'autre, et elles continuent même de s'expliquer indissociablement l'une par l'autre. Aucun oubli n'y a donc sa place.

F.VDV

 

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