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21 septembre 2011

LE RÊVE PALESTINIEN BRISÉ ?

TRIBUNE LIBRE

Le Président Mahmoud Abbas dépose actuellement à l’ONU sa demande de reconnaissance de l’état palestinien.

Même si la grande majorité des nations du monde comprennent et approuvent cette démarche - qui aurait toutes chances d’être acceptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies - la décision revient en fait au Conseil de Sécurité. Et c’est là que la bât blesse.

En effet, quoique cette reconnaissance de l’état palestinien fasse partie de l’une des promesses électorales du candidat O’Bama en 2008, celui-ci, contraint par le puissant lobby juif américain, est contraint d’opposer un veto à cette reconnaissance. Et le monde entier est dans l’embarras.

mouvement démocrate,bayrou,politiqueLa démarche de Mr Abbas est cependant logique : 60 années de négociations et de palabres sans fin entre l’état juif et les palestiniens sont toujours dans l’échec total. Quelle autre solution acceptable face à son peuple impatient lui reste-t-il ?

Les tors, oui, tous les tors sont largement partagés : d’un côté, celui palestinien, les extrémistes du Hamas - qui refus(ai)ent (?) toujours la reconnaissance de l’état d’Israël - n’ont de cesse de provocations et de harcèlements quasi quotidiens, entretenant un état de guerre larvée entre ces deux nations avec même, pour corollaire, l’envoi de missiles destructeurs sur le territoire “ennemi” avec, en réplique de l'autre partie, la loi stérile et imbécile du talion. De l'autre côté, malgré leurs protestations quand on évoque cela, les Israéliens n’ont rien fait non plus pour atténuer ou apaiser les tensions : l’occupation et la colonisation sous la force de larges parties du territoire palestinien tel que défini par les accords de frontière de 1967, le blocus de Gaza qui se poursuit depuis, l’édification d’un mur honteux séparant maintenant les palestiniens entr’eux, les cultivateurs de leurs exploitations agricoles (et les ruinant de fait, l’autre partie colonisatrice confisquant aussitôt les terres spoliées pour les exploiter à son compte), les innombrables expropriations, les démolitions de biens palestiniens et leurs assujettissement de fait, la construction de colonies juives pour morceler les territoires palestiniens en les rendant ingouvernables par tout futur état (dont il semble qu'on fait tout pour qu’il ne naisse jamais), tout cela a puissamment contribué aux échecs successifs de toutes les négociations, pourtant toujours patiemment réentreprises, mais aussitôt sabordées.

Mais l’heure n’est plus aux griefs mais aux faits.

D’un côté, le Hamas et le Fatah - hier ennemis intérieurs de la Palestine - se sont réconciliés et placés sous l’autorité du (relativement) “modéré” Abbas. D’un même autre côté encore, un vaste courant de libération conduisant les peuples vers plus de démocratie s’étend d’état en état autour du même bassin méditerranéen : la Tunisie, l’Égypte, la Lybie, bientôt, vraisemblablement, la Syrie, demain peut-être, l’Algérie, et après....

Les regards et les esprits changent. Mais, hélas, on a l’impression que les extrémistes encore au pouvoir en Israël ne s’en rendent pas compte, et les appuis historiques d’Israël disparaissent un à un : l’amie de toujours - la Turquie - ne supporte plus l’attitude intransigeante d’Israël et va jusqu’à le provoquer et rappeler son ambassadeur. L’Égypte nouvelle déclare que les accords de paix de Camp David sont renégociables et accorde désormais un puissant courant d’air à Gaza étouffé jusqu'ici sous le joug israélien.

mouvement démocrate,bayrou,politiqueHier, l’ennemi principal et redouté d’Israël était surtout l’Iran des ayatollahs, plus que les syriens : aujourd'hui il n’est plus une seule frontière d’Israël qui ne soit plus sous une menace. Israël est de plus en plus isolé dans le monde, un monde lassé de ses tergiversations sans fin.

Et pourtant, il ne manque pas aujourd’hui en Israël des citoyens, de plus en plus nombreux, conscients de ce danger et qui appellent à de vraies négociations sincères entre juifs et palestiniens ; et conscients aussi de l’inévitable partage à terme du sol entre ces deux nations.

Quand on est ami de l’état d’Israël - et en France nous le sommes historiquement et  majoritairement, on le sait tous - quand on souhaite aussi que cet ami puisse vivre enfin en paix dans des frontières sures et reconnues, on est le plus souvent désarmé face à l'attitude des actuels dirigeants, attitude de moins en moins compréhensible.

Que va-t-il se passer demain quand le Conseil de Sécurité enregistrera le veto de blocage israélo-américain ?

Un grand espoir sera déçu : il est tout à craindre une violente réaction de ceux qui aspiraient à une liberté enfin retrouvée. Ceci est une grave menace, pas seulement sur les seuls territoires israéliens ou palestiniens, mais cela risque aussi de perturber les conditions d’évolution des peuples qui se sont récemment libérés du joug de leurs oppresseurs. Cette déception risque d’être infiniment contagieuse et ravageuse autour de toute la Méditerranée.

Cette intransigeance aveugle met donc le monde entier dans l’embarras. Il n’est pas une ambassade qui, aujourd’hui, ne s’inquiète des répercussions possibles sur l’immense chantier de la démocratie qui s’ouvrait un peu partout et éveillait tous les espoirs.

Espérons que tant de rêves ne soient pas brisés.

François VAN DE VILLE

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