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07 octobre 2009

LE VOL, LA MORALE ET L'ÉTHIQUE

TRIBUNE LIBRE

de Michaël MANEN (Aimargues)

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Il ne s'agit pas d'un inédit de Jean de la Fontaine, mais il m'est apparu important de préciser ce que j'entends comme différence entre la morale et l'éthique au travers du thème du vol.

En terme de morale, voler n'est pas bien. C'est répréhensible, potentiellement injuste puisqu'il s'agit de prendre de façon facile ce qu'a acquit durement, et à force de labeur, autrui, ou encore de ne pas donner la contrepartie prévue par la Société ou ses représentants. Quand on lit cette définition, on comprend bien qu'en effet, voler, au delà du délit que cela représente, constitue une entorse à la morale.

En terme d'éthique, c'est beaucoup moins simple.

Une personne pauvre peut se retrouver contrainte à voler du pain pour manger, ou encore voler des vêtements pour s'habiller et vouloir conserver sa dignité. Prise sur le fait, elle sera condamnée à une amende et, étant insolvable, jetée en prison. Vraiment ? Certes pas systématiquement, mais ça arrive et ce n'est pas rare !

Certaines personnes riches pratiquent l'évasion fiscale et souvent en toute légalité s'enrichissent davantage, s'attribuent des primes ou bonus par eux-mêmes, directement ou par voie détournée (Les grands patrons des entreprises du Cac 40 sont souvent administrateurs d'autres grosses entreprises de ce même Cac 40...). Certains actionnaires – et ils sont de plus en plus nombreux – cherchent à faire fructifier encore et encore leurs fonds investis, via des dividendes de plus en plus importants et indécents. Ils étranglent les entreprises, réduites à faire des plans sociaux ou à fermer des succursales, ce dans une perspective de gain à court - voire très court – terme.

Nous vivons une époque où une organisation à été mise en place visant l'enrichissement – et la protection juridique - de quelques nantis au détriment de très nombreux citoyens. Cette organisation se fait avec l'aide, ou tout au moins l'assentiment, du pouvoir politique en place.

Chaque jour, le pouvoir d'achat des ménages les moins privilégiés s'abaisse, le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté s'accroit, et on ne compte plus l'inflation du chômage... Chaque jour, des centaines de citoyens perdent leur emploi, et concomitamment quelques nantis comptent les millions d'euros de plus, qui ne sont de plus même pas reversés en partie au peuple, puisque défiscalisés...

En terme d'éthique, qui vole qui? Certains, se retrouvant sans travail et parfois sans toit, n'ont-ils pas de facto été volés ?

La justice tranche, et la morale avec, dans un contexte des plus manichéens qui soit, il y a les bons : ceux qui sont dans leurs droits, ceux qui mettent dans la rue chaque jour des centaines de personnes, ceux qui évitent de payer taxes et impôts avec l'aide des meilleurs juristes ou fiscalistes, ceux qui sont parvenus à se protéger aussi bien juridiquement que financièrement... et il y a les mauvais : ceux qui refusent notamment d'accepter un tel système, source des plus grandes inégalités que l'on pensait abolies depuis plusieurs siècles.

Je fais partie des mauvais, et j'en suis fier... La morale dira que j'ai tort mais l'éthique me donnera raison...

Jean de la Fontaine – pour en revenir à lui - a écrit: « Qui vole un oeuf vole un boeuf », c'est sûrement vrai, j'en conviens. Occupons-nous donc de celui qui vole un oeuf, ce pauvre qui vole du pain pour manger et des vêtements pour s'habiller... Mais celui qui vole un boeuf, qu'en faisons-nous ? ...Rien ?...

La réponse officielle aujourd'hui est, en effet, celle-là: Rien !

Celle de demain dépendra de vous, et de nous tous...

Michael MANEN

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