05 novembre 2008
QUAND LES EUROPÉENS RÉPONDENT (ENFIN) À KENNEDY....
(Tribune Libre)
de Daniel RIOT
Enfin ! Les Européens répondent à... John F. Kennedy !
"Partenariat" : c'était l'un des mots-clés de JFK qui préconisait une Alliance atlantique reposant sur "deux piliers"... JFK a été assassiné, le mur de Berlin qui lui faisait lancer le célèbre "Ich bin ein Berliner" est tombé... L'oncle Sam s'est voulu plus impérialiste qu'impérial. Et "l'Europe européenne", chère à De Gaulle, éprouve toujours des difficultés à se montrer digne de son identité, de ses richesses et surtout de ses valeurs...
Mais les Européens, comme fouettés par les deux crises de l'été (en grande partie due au néo-conservatisme archaïque et manichéiste de Bush), se réveillent. Beau sursaut ! Au lieu d'attendre que le futur Président américain lui fasse l'honneur de s'intéresser à elle, l'Union Européenne a, cette fois, pris les devants. Au lieu d'attendre le verdict des urnes, les 27 ont préparé le message qu'ils enverront au vainqueur dès la proclamation des résultats. Un vainqueur qui aura d'abord la responsabilité (énorme) de régler l'ardoise (lourde) laissée par Bush et tenter de rendre au nom "Amérique" un sens qu'il avait perdu depuis... JFK : celui d'un horizon d'espérance.
Réunis à Marseille à la veille de l'élection présidentielle aux États-Unis, les vingt-sept ministres des affaires étrangères, auxquels s'étaient joint le Haut-Représentant pour la politique étrangère et de sécurité, Javier Solana, et la Commissaire chargée des Relations Extérieures, Benita Ferrero-Waldner, ont en effet préparé un document qui sera envoyé au nouvel élu.
Ce texte, bref, propose un véritable partenariat entre l'Europe et les États-Unis. "Nous sommes les partenaires des Américains, a déclaré le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, et nous le ferons savoir au plus vite au nouveau président quand il sera élu". "Il ne s'agit pas seulement de demander des choses aux États-Unis : il s'agit pour l'Europe de prendre toute sa place", a renchéri son collègue britannique, David Miliband, comme subitement animé d’un sentiment plus européen qu'insulaire....
Bravo ! Ce ne sont pas les USA qui sont trop forts, c'est l'Europe qui a une voix trop faible... "Ne vous demandez pas ce que les États-Unis peuvent faire pour l'Europe, demandez-vous ce que l'Europe peut faire pour les États-Unis", comme aurait pu dire (encore) le Président... Kennedy dans les années 1960.
L'Europe recouvrant une belle assurance ? C'est bon signe... Pourvu que cela dure ! Et pourvu que les Américains, recouvrant leur fierté après une campagne qui restera effectivement dans l'Histoire des USA et du monde à plus d'un titre, ne se rebouchent pas les oreilles et entendent l'appel des Européens en faveur d'un "multi-latéralisme".
Que les Américains défendent les intérêts des États-Unis, c'est effectivement leur affaire. Et c'est logique et normal. Qu'ils le fassent au détriment des autres, c'est (aussi) notre affaire. Ou alors si la prétention d'être "Le Maître du Monde" persiste, il faut que tout le monde participe en acteur et non en spectateur aux élections des grands électeurs US....
Les relations transatlantiques peuvent et doivent être amicales plus que passionnelles. Elles doivent surtout trouver des règles du jeu nouvelles. Y compris dans le "soutien aux démocrates" : on n'impose pas des idéaux humanistes par des bombes ou des services secrets encore imprégnés par l'esprit de "guerre froide". Il est dans le monde des royaumes, des États et des "empires du Mal", mais au nom de quoi peut-on s'auto-proclamer "empire du Bien" ?
S'il doit y avoir un "gendarme du monde", il doit porter les couleurs d'une ONU revivifiée. Le "nouvel Ordre" mondial promis unilatéralement par des idées néo-conservatrices servies par des desseins archaïques d'un "complexe militaro-technico-industriel" s'est traduit par un désordre planétaire dont la crise financière n'est qu'un symptôme parmi d'autres.
La meilleure aide que l'Europe (qui ne doit rien oublier de ce qu'elle doit à sa fille aînée d'outre-atlantique, même un peu trop émancipée), puisse apporter aux USA, c'est de sceller enfin ce qui est l'une des aspirations le plus souvent affirmées : réconcilier les idées européennes de Jean Monnet (et de Robert Schuman) et du Général De Gaulle.
Une "Europe Européenne", c'est d'abord une Europe politiquement unie.
22:01 Publié dans ARGUMENTS & IDÉES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : udf, mouvement démocrate, politique, bayrou
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