Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14 novembre 2011

FRANÇOIS, ÉVA, JEAN-PIERRE et les autres...

TRIBUNE LIBRE

On vous l’avait bien dit : quoique François Hollande, au-delà de sa victoire à la primaire socialiste, ait gagné un soupçon d’envergure médiatique, voire de stature présidentielle, il a cependant déjà mangé son pain blanc : depuis quelques semaines, face à la crise qui se révèle jour après jour d’une profondeur presque insondable - nous ne sommes pas au bout de nos surprises ! - son comportement se montre aujourd’hui à la fois hésitant et insipide. Pire, même : de mauvaise foi et irresponsable.

Et voilà que, pour ne pas simplifier les choses, Mr Hollande est aujourd’hui coincé, malgrè lui, entre une Éva Joly, d’une part, et un Chevènement, d’autre part, qui ressortent tous deux de leur oubli où le temps les avait placés. Mais tous deux pour défendre des points de vue inconciliables, outre déjà ceux d’un Montebourg ou d’un Mélanchon sur le flan gauche de Mr Hollande !

Voici le rêve déjà envolé : un cauchemar ! Si Mr Hollande continue, comme il le fait présentement, de se noyer dans un discours autant irresponsable qu’intellectuellement malhonnête, ses alliés potentiels l’éloigneront de plus en plus de toute crédibilité économique.

Mr Hollande ne sait d’ailleurs plus sur quel pied danser, lui le “chéri” d’une partie des électeurs dits “centristes” qui appréciaient sa modération et, d’autre part, lui l’adulé des électeurs de la “vraie gauche” qui espèrent, au travers de sa candidature, leur retour aux “affaires”.

Mais Mr Hollande se contente de matraquer systématiquement tout ce qui bouge côté gouvernemental et, malgré les avis de personnalités modérées et “compétentes” proches de lui, il poursuit le fantasme incohérent de vouloir recruter 60.000 fonctionnaires, comme il se refuse tout autant de reconnaître la réalité mondiale de la crise.

Nous voici donc loin d’une stature de responsabilité présidentielle autre que celle d’un “anti-sarkozysme” primaire, lequel perd d’ailleurs progressivement de sa crédibilité ; et les sondages récents marquent désormais nettement cette tendance. Mr Hollande va même jusqu’à dénoncer le plan de rigueur de Mr Fillon, alors que tous les experts financiers dénoncent aujourd’hui son insuffisance notoire, celui-ci étant basé sur une prévision de croissance encore trop optimiste et qu'il faudra sévérement revoir à la baisse : donc il faudra encore raboter quelques milliards supplémentaires.

Mr Hollande va donc devoir choisir entre le premier tour - celui où il devra rassembler toute la gauche, y compris les Mélanchon, Montebourg et autres “verts” - et le second tour, celui où, pour l’emporter, il devra nécessairement attirer à lui les électeurs du centre droit. Et s’il ne choisit pas, Mr Hollande paraîtra alors confus, flou, inexistant (j’ai lu aussi, dans un excellent papier, l’adjectif “ectoplasmique" !) : donc il sera en grand danger. C’est pire qu’un grand écart !

Les premiers choix “urgents” imposés : les "cas" Éva Joly et Jean-Pierre Chevènement

Le cas Joly

Mme Joly ne manque pas d’aplomb, on le sait : il frise même parfois une certaine arrogance. Pourtant, électoralement parlant, les “verts” ne sont pas dangereux : on sait, qu’au deuxième tour, ils voteront majoritairement pour le candidat socialiste. Mais, malgré cette absence de réelle dangerosité, Mme Joly veut négocier immédiatement avec Mr Hollande. Elle prétend même lui imposer son point de vue et ce dès ces prochains jours.

Elle oublie, qu’au-delà de leur succès électoraux relatifs aux européennes ou aux régionales, les “verts” doivent tous leurs sièges parlementaires nationaux - Assemblée Nationale ou Sénat - à la seule indulgence du PS. Celui-ci a même offert une tête de liste à Mr Vincent Placé, le secrétaire général des “verts”, lors des récentes sénatoriales !

Malgré donc leur faible importance qui les rend largement minoritaires, Mme Joly et “ses" verts prétendent imposer au PS son point de vue. Et elle menace même celui-ci de toutes leurs foudres au nom de la.... démocratie ! (Celle des minorités, évidemment !)

La pierre d’achoppement : l’avenir du nucléaire et l’EPR de Flamanville

Lors des primaires, on se souvient que Mr Hollande avait tenté d’ouvrir une porte de sortie mesurée, même si celle-ci ne satisfaisait en fait personne : réduire progressivement la part du nucléaire français à 50% de la production nationale, et poursuivre la construction de l’EPR pour ne pas anéantir notre savoir-faire technologique dans ce domaine de pointe dont on ne peut nier l’avenir qu’il ouvre malgré lui. Et puis on constate aussi que la catastrophe de Fukushima commence à s’étioler dans les esprits et revenir à la réalité particulière du continent japonais et de son instabilité sismique chronique.

Quant à l’EPR lui-même, cause principale de la discorde, il fait partie de la troisième génération des réacteurs qui apporte un taux de sécurité environnemental, comme de non-pollution de l’atmosphère, inégalés. De plus, décidé en 2007, il va coûter “in fine” ±6 milliards d’€. Le démanteler aujourd’hui, alors qu'il doit démarrer dans 4 ans, coûterait plusieurs milliards supplémentaires et, de surcroît, nous ne serions plus en mesure de faire face au remplacement, à partir des années 2020, du parc nucléaire actuel lequel, il est vrai, deviendrait alors un vrai danger face à son usure.

Quel poids peut-on donc accorder aux talents et aux arguments de Mme Joly ?

Le cas Chevènement

Jean-Pierre Chevènement, lui, est d’une autre dimension, comparée à celle de la remuante leader EELV. Non pas sur le plan électoral mais sur le plan crédibilité.

Lui a la stature d’un homme d’État : il a occupé avec brio plusieurs grands ministères (Défense, Intérieur, Industrie et Recherche, Éducation Nationale). Mais, surtout, la crise financière - comme pour François Bayrou dont il est proche de l'analyse - lui donne aujourd’hui raison et il entend en profiter.

Il s’était déjà présenté en 2006 à l’élection présidentielle pour renoncer quelques semaines plus tard. Il sait, encore aujourd’hui, qu’il n’ira pas jusqu’au bout de son actuelle candidature. Mais il entend bien faire entendre, en attendant, sa propre musique dans le débat, au même titre qu’un Montebourg au PS lors des primaires. Et considéré comme “figure de proue” du dirigisme industriel, Mr Chevènement a récemment réaffirmé sa foi dans le nucléaire et dans le programme EPR.

Aussi, entre la “chèvre” Éva Joly et le “chou” Chevènement, Mr Hollande devra faire un choix, un choix entre deux conceptions irréconciliables.

Éspérons pour lui que ce choix ne répondra pas à des données bassement électoralistes, comme celles, en 1998, de Mr Jospin d’abandonner “Superphénix”. On sait le résultat : Mr Jospin a fait perdre à la France son avance technologique sur les surgénérateurs et, aussi, il a fait perdre 10 milliards d’€ d’investissements devenus inutiles.

Il faudra donc que Mr Hollande réunisse de grands talents de conciliateur pour ménager à la fois Mme Joly et Mr Chevènement sur la question fondamentale de notre énergie du futur. Une première épreuve du feu pour affirmer une politique, celle de notre avenir et de notre indépendance énergétiques. Un test grandeur nature pour évaluer le candidat et sa capacité de trancher entre des inconciliables. Donc sa capacité d’être un homme d’état responsable.

Et nous ne sommes seulement qu’à 6 mois des élections.... Çà promet pour la suite !

Georges DELIESSE

Les commentaires sont fermés.