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07 janvier 2009

NOTE (TRÈS PEU) CONVENTIONNELLE

Le Mouvement Démocrate a maintenant un peu plus d’un an. Sa fondation, c’était début décembre 2007 à Villepinte : on s’en souvient tous comme d’un moment d’exception vécu dans l’enthousiasme.

Alors que nous abordons une année nouvelle et que nous abondons tous en vœux les plus divers, peut-être est-ce l’occasion de faire un bref bilan de cette première année écoulée.

Franchement, mon sentiment sur ce sujet est, pour le moins, très partagé.

D’abord, nous avons consacré de longs mois, presqu’une année entière, en palabres inutiles et discussions tatillonnes pour rédiger nos étroits “règlements intérieurs”, dont chacun sait pourtant le caractère superflu et artificiel. On y a investi une énergie considérable, tout comme si l’action politique ne pouvait se faire qu’avec ce bréviaire à la main. Pourtant, même François Bayrou nous avait malicieusement mis en garde en affirmant qu’en 35 ans de responsabilité aux affaires, il n’avait jamais consulté une seule fois les règlements intérieurs précédemment élaborés avec grand soin. Et je lui donne entièrement raison : le meilleur règlement intérieur est celui du bon sens et du respect d’autrui. Il n’était nul besoin de ces textes qui frisent souvent le ridicule pour affirmer notre existence et entreprendre une action devenue pourtant urgente. Que de temps perdu pour rédiger un texte qui sombre déjà dans l’oubli général !

Et pourtant nous étions face à des échéances majeures qui nécessitaient beaucoup plus d’attention que ces débats stériles de juristes en chambre. Le Mouvement Démocrate a alors raté son entrée sur la scène politique. “Parti le plus populaire, il s’est peu à peu désagrégé dans l’opinion au point de figurer désormais derrière le P.S. et les Verts” relevait justement un éditorialiste. Et, plus récemment, ses résultats aux législatives partielles, ou d’autres élections locales, sont, pour le moins, très décevantes. C’est là le prix d’une trop grande dispersion de nos énergies.

Et pourtant encore, le Mouvement Démocrate demeure solide sur sa base électorale, alors que son pseudo rival - le Nouveau Centre - est totalement inexistant sur la scène politique, trop inféodé est-il à son grand mentor glouton, l’UMP.

Pourquoi donc cette défaveur ?

Je lisais récemment un autre commentaire affirmant que le Mouvement Démocrate souffrirait, selon son auteur, de deux gros handicaps : en dehors de François Bayrou et de quelques - trop rares - élus bien implantés, ce mouvement ne dispose d’aucun représentant de grande notoriété. Ensuite il est trop perçu comme le parti au service d’un homme - François Bayrou - ce qui n’en fait pas un vrai parti politique. Voilà ses handicaps majeurs, selon cet éditorialiste. Je ne suis pas loin de partager cette opinion.

Je n’évoquerai pas l’épisode des municipales : il était totalement incompréhensible dans sa forme et il a été très mal perçu dans l’opinion, y compris au sein des militants. Des alliances, ici, avec des listes de gauche, là avec des listes de droite, ont laissé l’impression que le Mouvement Démocrate n’était qu’un ensemble hétérogène d’individus aux motivations plus ou moins claires. Il aurait été souhaitable que le Mouvement Démocrate, au lieu de batifoler autour de son inutile règlement intérieur, consacre son énergie à définir plus précisément les conditions d’alliances, au lieu de laisser les candidats locaux faire leur propre choix au prix de ce qui a pu apparaître comme des petits arrangements au service d’ambitions personnelles.

Cette manière de ne pas vouloir s’inféoder à un camp ou à un autre a été considérée comme de l’indécision, ou pire, comme de l’opportunisme, même s’il était en parfaite cohérence avec le positionnement du Mouvement. À cela se rajoute le fait que, malgré ce souci d’ouverture vers ce qu’il y a de mieux d’un côté comme de l’autre - c’est le discours de François Bayrou - le Mouvement Démocrate est apparu être plus souvent sur la même ligne que le P.S., plus que sur celle de l’U.M.P., ce qui rajoute à la confusion. L’aversion de François Bayrou pour Nicolas Sarkozy dessert plutôt l’image de notre Mouvement : il est urgent d’en prendre conscience, quelle que soit notre estime et notre sympathie pour notre leader-fondateur naturel, et la valeur de ses arguments.

Donc, depuis cet épisode malheureux des municipales, nous n’avons pas encore remonté la pente. La preuve ? Nos baffes électorales qui se succèdent depuis, alors que le Mouvement Démocrate bénéficie toujours d’une forte côte de popularité. Celle-ci, à l’évidence, n’est pas une garantie électorale : je crains les déboires de lendemains qui ne chanteront pas comme nous l’espérons tous fort nombreux.

Il nous faudra du temps, beaucoup de temps, pour redonner une image à ce Mouvement, et pour se faire connaître réellement. Le volontarisme et la foi des militants ne seront pas suffisants pour cela. Nous avons des propositions, certaines très fortes : mais elles ressemblent trop à des incantations. Cela ne peut suffire. Les communiqués “officiels” sont sans portée réelle. Notre information ne passe pas, ou passe trop mal : certaines formes de communication par internet sont des échecs cuisants. Et pourtant Internet est au cœur de la stratégie de communication du Mouvement.

Ce Mouvement, je l’ai déjà dit, est perçu comme le parti au service des ambitions d’un seul homme. Il n’est pas perçu en tant que parti politique porteur d’un message d’espoir pour les français. Seul François Bayrou est écouté, le reste du mouvement étant considéré comme de l’intendance. Or quand et où l’intendance est-elle écoutée quelque part, surtout quand elle est portée par des anonymes, même quand ils sont de qualité ?

Il est temps de sortir de ce piège (car c’en est un, redoutable !). Le Mouvement Démocrate a besoin d’une ligne directrice, d’un vrai cadre idéologique à partir duquel il pourrait structurer un discours et une attitude politique homogène et lisible. Un parti, aussi populaire soit-il, ne peut limiter son programme au slogan :”Bayrou Président !”. Que de déboires cela promet....

Notre Mouvement gagnerait donc à se démarquer, à élaborer une démarche et une pensée originales, ces dernières ne s’esquissant actuellement qu’à l’état d’ébauche. Soutenir François Bayrou, cela ne signifie pas être systématiquement à sa remorque sur sa critique sarkozyste : celle-ci, à demeurer trop insistante, en devient agaçante au point qu’on est conduit à la relativiser un peu trop. Ce qui diminue la portée de son discours. Je remarque d’ailleurs que certains autres discours de ses proches prennent un peu de champ face à ceux trop ronéotypés qu'on entend dans sa bouche (voir Marielle de Sarnez ou Gilles Artigues). Ce sont des signes qui ne trompent pas.

Je ne m’alourdirai pas plus longuement sur ce sujet : un peu de lucidité, même liée à notre militantisme volontariste, ne peut pas faire de mal, même si l’on sort un peu des langues de bois et des discours convenus.

Lors d’un récent “Café Démocrate” organisé par nos jeunes, j’ai émis un certain nombre d’idées qui préludaient à cette note (très peu) conventionnelle. Je souhaite que nous sortions enfin de cette torpeur qui, si nous n’y prenons pas garde, risque de nous coûter fort cher. Il est devenu urgent et prioritaire de se mettre au travail. Et d'être solidaires, même dans nos différences.

François VAN DE VILLE

Commentaires

Cher François,

Tu viens d'écrire ce que beaucoup pense tout bas !

Je ne peux qu'apporter mon soutien à cette prose et souhaiter qu'enfin notre mouvement s'affirme comme entité propre et indépendante composée d'individus divers et variés aux idées divergentes mais qui se retrouvent autour de grandes lignes : l'humanisme et la démocratie.

François Bayrou porte ces grandes lignes voilà pourquoi nous nous retrouvons en lui pour la direction de notre mouvement mais cela ne veut pas dire que l'ensemble de notre mouvement doit se retrouver dans la totalité des propos de François Bayrou. Tout comme chacun de nous Bayrou est libre de penser et de développer ses idées, mais encore heureux que nous ne soyons pas tous dans cette pensée unique. Nous sommes en droit également d'avoir nos pensées propres et de les affirmer !

Attention, il est bien évidemment qu'il est de notre devoir de respecter les grandes lignes de conduite de notre mouvement, mais il ne faut surtout pas empêcher les diverses idées politiques qui composent notre mouvement de s'exprimer. C'est de notre divergence que naitra notre force.

Pour ma part, faire de l'anti sarko pour faire de l'anti sarko n'est pas une bonne chose. Il faut reconnaitre que des avancées sont faites au niveau national et ce dans un contexte difficile, autant saluer ce travail. Par contre, il convient bien évidemment de mettre le doigt sur les erreurs commises.

Notre mouvement a surtout à gagner au niveau local où certaines gestions, qu'elles soient UMP ou PS, laissent à désirer. Là nous pouvons affirmer nos divergences avec les politiques locaux. Que notre mouvement devienne une force locale, il n'aura dans ce cas aucun problème pour diffuser ses idées au niveau national.

Amitiés

Samuel

Écrit par : Samuel SERRE | 07 janvier 2009

Que de vérités dans cette note !
La richesse du MoDem est que ses militants viennent de toute tendance, de toute classe sociale, de tout métier, ou bien - tout comme moi - d'une première adhésion à un parti politique.
Et nous nous devons de proposer au lieu de critiquer.
J'adhère tout à fait à pointer du doigt les carriéristes politiques prêts à vendre leur âme pour un mandat.
Il est sûr que le premier travail est celui du local, il y a tant à faire, et,je me répète, soyons force de proposition, d'innovation, de participation à cette vie locale qui est primordiale pour continuer l'aventure au niveau national.
Notre mouvement est atypique, notre travail sera rude, mais le résultat risque d'être au bout dans un proche avenir.

Cordialement

Écrit par : Bernard TRAVARD | 13 janvier 2009

En dehors de nos différents locaux, je partage votre analyse. C'est ce qui fait que j'ai titré depuis longtemps déjà, aux municipales je crois d'ailleurs, une tribune sur Agoravox intitulée GoodbyeModem :

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=38272

Bon courage. Pour ma part, j'ai préféré quitté un Modem qui me semble sans lendemain.

Écrit par : Yann RICHÉ | 14 janvier 2009

Monsieur Van De Ville,

Une fois de plus, je suis d'accord à 200 % avec ce texte. Vos analyses sont d'une clairvoyance qui dénote votre longue expérience politique. De plus, vous êtes lu, écouté et c'est très bien ainsi.
Depuis que je suis entré au MODEM en avril 2007, je n'ai eu de cesse de réclamer un réel débat politique. Sans projet construit et porté par la base, nous n'irons pas loin.
Encore en décembre, lors d'une laborieuse réunion sur le lancement de la campagne européenne, j'ai essayé de redire que nous devrions passer du temps à parler IDEE et PROJET. Cela n'intéresse personne de toute évidence car si c'était le contraire, on arrêterait les tergiversations et on passerait aux choses sérieuses. J'ai écrit un long texte que vous avez eu l'amabilité de publier dans lequel je disais à ma manière que nous devions poursuivre sur les voies ouvertes lors de la conférence Nationale d'octobre. Rien depuis, ni chez les militants, ni chez les dirigeants.....quelques réunions parisiennes entre initiés sur les thèmes européens et puis on nous enverra le programme. Arrêtons cela, vite et appuyons nous sur la base qui commence vraiment à s'impatienter.
Merci encore pour vos écrits M. VDV. Toute mon amitié !

Écrit par : Joël FRANCINI | 14 janvier 2009

Merci François de cette note de synthèse.
La critique est pertinente et il appartient aux nouveaux responsables élus de faire en sorte que les nombreux militants à vouloir agir réellement pour porter ce mouvement soient mobilisés. Donc, je demande à l'équipe départementale de mettre en place des groupes de travail sur un programme qui vienne des militants pour les européennes même s'il est vrai que le temps est un peu court. Cela veut simplement dire qu'il faut redoubler de travail.
Au boulot pour que le Modem, y compris et non simplement Bayrou, fasse des propositions.

Écrit par : Arthur EDWARDS | 22 janvier 2009

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