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26 mars 2008

LES DEUX SEUS GENRES EN POLITIQUE

Ça ne vous aura pas échappé : à l’occasion des municipales 2008, nous avons assisté à une première en politique. En effet, pour la première fois dans une élection française, une force politique importante, le MoDem, n’a pas répondu aux schémas classiques d’alliances exclusives. Que ce soit dans ses alliances protéiformes - MoDem-PS, MoDem-UMP, MoDem-PS-PC, MoDem-PC, etc.... - que dans ses choix d’autonomie justement en rupture au regard des stratégies ordinaires d’alliance avec l’un ou l’autre des deux courants idéologiques du paysage politique, à savoir la gauche ou la droite.


LE POSITIONNEMENT COMPLÈTEMENT INCOMPRÉHENSIBLE DU MoDem

BAYROU nous avait déjà fait le coup du “ni-ni”, mais là on est plutôt dans le “ni-ni-et-et”. De quoi rendre un positionnement totalement incompréhensible. Bien que les enjeux des municipales soient avant tout locaux, au plan national ça donne soit l’impression d’un “machin” politicien et opportuniste (pléonasme ?), qui cherche seulement à monnayer son petit capital de voix contre un maximum de sièges, soit d’un club de revanchards ayant perdu leur place ailleurs ou n’ayant jamais pu l’obtenir.

ÊTRE DÉMOCRATE OU FAIRE DU LOBBYING

Voilà en surface l’impression que ça peut donner. Mais au moins cette originalité a eu le mérite de faire apparaître un nouveau genre en politique, ouvert au dialogue à toutes les sensibilités, ou refusant d’adhérer à une pensée lobbyiste. Car voilà finalement les deux seuls genres en politique : être démocrate ou faire du lobbying.

Commençons par le second genre, le seul finalement que nous ayons connu jusqu’ici : le lobbying. Qu’on ne s’y trompe pas, la gauche et la droite sont des dogmes lobbyistes qu’on pourrait vulgariser ainsi : d’un côté le lobby collectiviste de ceux qui n’ont pas les moyens de faire évoluer seuls leur condition (pas forcément les plus désœuvrés), de l’autre le lobby capitaliste de ceux qui ne souhaitent pas partager le fruit de leur labeur. Bien sûr à des degrés différents et dans un idéal plus ou moins radical. Plus largement, il existe de très nombreux lobbys, également présents dans le débat politique : les lobbys religieux, les lobbys syndicalistes, les lobbys indépendantistes, etc....

Le principe du lobbying est simple : on attend de son combat partisan une victoire pour mieux servir son idéal et bien entendu ses intérêts individuels ou corporatistes, par exemple "si je vote pour la droite je payerai moins d’impôts". L’activation d’un militantisme ou d’une sympathie lobbyiste peut se trouver également motivée par la volonté de combattre un lobbying antagoniste et d’en atténuer ainsi les effets : par exemple une frange non négligeable d’électeurs alterne un vote de gauche et de droite selon que la situation leur paraît plus à l’avantage des collectivistes ou des capitalistes, provoquant ainsi les nombreuses alternances gauche-droite au pouvoir.

Le lobbying trouve souvent son origine dans la condition sociale, mais également dans l’éducation, dans son réseau ou dans l’extrapolation médiatique de certaines problématiques. En politique, le lobbying aboutit généralement à de l’immobilisme ou du réformisme sclérosant : en effet, lorsque les intérêts d’un individu ou d’un groupe d’individus sont menacés, le lobbying s’active soit par la grève, les manifestations, le vote sanction, etc.... Du coup, le pouvoir est souvent contraint d’abandonner un projet de réforme ou de l’accompagner de mesures d’équilibrage qui annulent souvent le bénéfice général de ladite réforme.

Bref, on n’avance pas beaucoup avec ce premier genre en politique qui, rappelons-le, est le seul genre que nous avons connu jusqu’ici et qui entretient un conservatisme de petit progrès, les promesses de grandes réformes aboutissant généralement à un pétard mouillé, voire à une régression collective. Or, le monde connaît une évolution de plus en plus rapide et menaçante pour les équilibres fondamentaux, celui de l’environnement en premier chef.

Donc, il paraît de plus en plus irresponsable, car fatal, de s’inscrire dans cette démarche de pensée lobbyiste dans laquelle on s’enlise sans inverser l’évolution négative et massive de la société.

On savait le lobbying souvent utopique, mais le conservatisme qui en accepte le jeu l’est tout autant.

UN GENRE NOUVEAU EN POLITIQUE

Or, il existe un nouveau genre en politique, celui précisément de François BAYROU et du Mouvement Démocrate. Bien que l’illustration n’ait peut-être pas été très claire jusqu’ici.... Ce nouveau genre est pourtant simple : il s’agit d’être "démocrate".

Vous allez me dire : “mais nous sommes tous démocrates !”. Pas exactement : car pour être réellement démocrate, il s’agit de lutter contre tous les lobbys, y compris le lobby de sa propre pensée.

Être démocrate, c’est considérer le peuple et son évolution dans son ensemble, dans l’intérêt général, donc en faisant abstraction de ses propres idéaux personnels sur des sujets précis et, bien entendu, de ses propres intérêts individuels. Déjà plus compliqué ! Mais pas en faisant abstraction de ses connaissances et de son expérience - surtout pas ! - car être démocrate c’est accepter le dialogue et y contribuer du mieux possible, en apportant des arguments objectifs, des éclairages empiriques, des raisonnements logiques.

Le démocrate ne se pose pas la question de savoir si une solution est plutôt de gauche ou de droite, plutôt comme ci ou comme ça. Il se demande simplement s’il s’agit d’une bonne solution et surtout de la meilleure. Et méfiez-vous des renards à plumes !

Car beaucoup se revendiquent de l’ouverture, de l’humanisme, etc.... En réalité, dès que vous abordez un sujet précis qui touche le lobbying persistant de leur propre pensée, ceux-là mêmes qui se disent "démocrates" ferment rapidement la discussion. A l’aide d’exagérations fantasmagoriques (“on va tous finir comme ci ou comme ça”), de références littéraires ou cinématographiques, d’illustres et funestes références historiques comme le nazisme ou les révolutions communistes, ou bien encore en s’appuyant sur de fausses données scientifiques. Dès lors, le ton monte, le dialogue tourne court et le lobbying triomphe.

Pas facile d’envisager qu’une mesure démocratique ne soit pas à leur avantage personnel ou à celui de leur corporation.

Pourtant, il en va de la survie collective et, au regard de la gravité des bouleversements actuels, il faudra bien accepter le dialogue et l’ouverture d’esprit, pour le bien de tous, et non plus seulement de sa propre personne. Sinon, par la force des choses sur lesquelles nous n’agissons plus, nous y perdrons tous chacun notre tour et au final dans notre ensemble.

La démonstration politicienne du MoDem aux municipales aurait certainement mérité une meilleure explication au préalable. Voilà qui est fait.

Maintenant, à l’heure où 90 % des électeurs se portent encore vers un genre lobbyiste, le développement du vote démocrate serait une véritable révolution : une révolution démocrate.

Jean BART

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