Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05 mars 2020

LA CONTAGION DE LA PEUR

"LA CONTAGION DE LA PEUR"

TRIBUNE LIBRE

de  Jean-Marc PETIT

corona.jpg- La crise du coronavirus révèle beaucoup de choses sur nos sociétés, la plupart ultra-connectées, ultra-inquiètes, mais aussi ultra-individualistes.

Et si la contagion de la peur était beaucoup plus dangereuse que la maladie en elle-même ? On peut se poser la question.

Tout d’abord, c’est le concept même de mondialisation qui est interrogé par l’épidémie de coronavirus. L’usine du monde qu’est devenue désormais la Chine est grippée, et voilà toute la chaîne mondialisée de l’économie qui tousse : fabrication, transport, distribution…

On le constate dans l’automobile, le textile, l’électronique, l’agroalimentaire, la santé. Toutes les entreprises s’interrogent sur leurs approvisionnements, les dépendances de leurs organisations. L’annulation des voyages d’affaires, des grands événements publics rajoute un peu plus de crise à la crise en bout de chaîne en pénalisant le tourisme, l’événementiel, etc….

Il y a ensuite la saturation médiatique. Cette lancinante litanie quotidienne de la vigilance nécessaire, mais également le décompte en continu du nombre de personnes infectées, des urgences débordées, des personnes confinées. Et l’angoissante impression que cette épidémie, qui a fait pour l‘instant un peu plus de 3 000 morts dans le monde (contre près de 600.000 chaque année pour la seule grippe saisonnière), pourrait devenir le mal absolu.

Comment garder son sang-froid face à un tel matraquage ?

Car il y a enfin une interrogation fondamentale sur nos propres attitudes et notre capacité à résister à l’irrationnel. La fin de la bise matinale ou de la poignée de main au bureau n’est en soi qu’une saine mesure de précaution. Mais que l’on prenne d’assaut les rayons alimentaires des supermarchés, que l’on remplisse à ras bord les coffres dans les drives, que l’on vole des masques est un symptôme beaucoup plus inquiétant : celui de la panique individualiste qui ne peut qu’accélérer la crise quand, au contraire, il faudrait tout faire pour l’éviter.

Qu’est-ce que cà sera si un jour nous sommes confrontés à une crise d’une autre ampleur, cette fois-là sanitaire, ou écologique, ou encore informatique ?

Le virus de la peur est bien le plus malsain de tous.

Les commentaires sont fermés.