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01 septembre 2007

CONTRIBUTION de Michel ESCATAFAL

9f1723a876735b73c594f0fa271f7930.jpgLE MoDem et la COMMUNICATION

Chers amis,

Ma contribution pour le Forum des Démocrates à Seignosse va se résumer à la manière dont nous sommes perçus, mais aussi sur ce que nous faisons pour nous faire entendre. C’est d’ailleurs pour moi la base de la communication, et force est de reconnaître que c’est un exercice dans lequel nous n’excellons pas.

Alors quelle est la perception des gens sur le Modem à la fin des vacances? Ils nous trouvent sympathiques pour ceux qui nous connaissent, car beaucoup n’ont pas encore assimilé notre sigle. Pour ceux-là, il faut préciser que c’est le mouvement de François Bayrou et là les sourires s’éclairent. Nous redevenons une entité, nous commençons à exister car François Bayrou c’est du concret, ce qui est normal dans la mesure où il y a 2 chances sur dix que l’on ait voté pour lui. A ce moment de la discussion, ils nous disent souvent pourquoi ils ont voté François Bayrou, pourquoi ils n’ont pas voté pour ses candidats aux législatives, et surtout ils nous posent la question de savoir ce que nous allons devenir. Plus que tout enfin, ils veulent savoir avec qui nous allons gouverner, le jour où nous serons en posture de le faire.


Reconnaissons que ce n’est pas toujours facile de répondre à toutes ces questions. Certes, nous avons un avantage par rapport à certains de nos concurrents : nous avons un leader charismatique qui, dans notre mouvement, n’est contesté par personne. C’était aussi le cas entre 2002 et 2007 et, pour ma part, je suis convaincu que cette personnalisation a été pour beaucoup dans le succès de François Bayrou. C’est un sujet dont nous pourrons débattre, mais c’est un fait incontestable, la France a gardé le mythe du CHEF ancré au fond d’elle-même, l’histoire est là pour nous le rappeler. Sans remonter très loin, comment Louis-Napoléon Bonaparte aurait-il pu devenir Président de la République en 1848 s’il n’avait pas porté son nom, après avoir piteusement échoué à se faire proclamer empereur dans des opérations où se côtoyaient le ridicule et l’odieux, à Strasbourg en 1836 et à Boulogne en 1840.

Mais après avoir évoqué François Bayrou, que pouvons nous dire ? Peu de choses en vérité parce que précisément nous donnons l’impression de n’avoir rien à dire. Faut-il se plaindre d’avoir vu partir les députés ex-UDF vers des horizons qu’ils espéraient plus dégagés en rejoignant l’UMP ? Sûrement pas, car cela relève plus de l’anecdote que de l’évènement politique. Ceux qui sont partis ont sans doute laissé nos fédérations dans la difficulté, dans la mesure où ils étaient les figures de proue de l’UDF sur le plan local, mais en dehors du plan local personne ne les connaissait.

Ensuite avec qui allons-nous gouverner si nous n’y arrivons pas tout seul ? Voilà une bonne question, d’autant que nos interlocuteurs ne pensent pas nécessairement à l’élection présidentielle. Alors, nous faisons de la sémantique. Nous disons d’abord que si François Bayrou est élu Président de la république en 2012, nous aurons un président qui rassemble, qui formera un gouvernement avec des femmes  et des hommes nouveaux et compétents, unis sur l’essentiel, représentant les différentes valeurs du peuple français. Bref, nous récitons avec ferveur et un peu de nostalgie, reconnaissons-le, la leçon apprise au moment de l’élection présidentielle. Est-ce suffisant pour convaincre l’électeur ? Certainement pas car, immanquablement, il nous dit : mais qu’allez-vous faire aux élections municipales? Et oui, les élections municipales c’est dans quelques mois, personne ne doit l’oublier.

Nous répondons que la stratégie pour les élections municipales c’est une liste MoDem autonome pour chaque ville de plus de 10000 habitants, et après nous verrons au cas par cas. C’est le type même de langage difficile à comprendre pour l’immense majorité de nos électeurs qui répliquent immédiatement : mais à Villeneuve ou à Alès, vous y allez tout seul et après, au second tour, avec qui  allez vous faire alliance? Dur, très dur d’être militant et candidat. Bien entendu je n’évoque pas le cas des communes de moins de 3500 habitants, où les gens conçoivent le plus souvent une liste regroupant des conseillers issus des rangs de plusieurs familles politiques. Tout cela pour dire que nous allons devoir nous battre pour nous affirmer sur le plan local, régional et national.

Il faut donc que nous soyons prêts pour affronter ces scrutins et, si possible les gagner. Mais quelle que soit notre bonne volonté, sans un minimum de communication nous n’existerons pas. Et ce ne sont pas les conversations entre internautes (toujours les mêmes) sur le site  Bayrou.fr qui vont faire décoller notre audience, pas plus que celle des divers blogs référencés MoDem, aussi intéressants soient-ils. Déjà, nombre de familles n’utilisent pas internet pour s’informer sur les évolutions de la vie politique. D’autres n’ont même pas internet, notamment les personnes âgées qui se contentent du journal local. C’est cette masse d’électeurs qui nous reproche, du moins ceux qui ont voté pour François Bayrou, de ne pas nous faire entendre, de ne pas préciser nos intentions, de ne pas dire clairement ce que nous allons décider dans les mois et les années à venir. C’est là que se situe la différence entre l’UMP, le PS et le MoDem.

L’UMP a son leader naturel, Nicolas Sarkozy, et détient tous les pouvoirs y compris sur les médias qui ont depuis longtemps choisi leur camp, ce qui est normal dans la mesure où la quasi-totalité des groupes de presse appartiennent au grand patronat. Par ailleurs, l’idéologie de l’UMP c’est avant tout la conquête du pouvoir avec pour slogan à peine avoué : « la fin justifie les moyens ». De son côté, le Parti Socialiste traverse aujourd’hui une de ces crises dont il a le secret, mais curieusement il continue  à faire la une des journaux, parce qu’il est considéré comme le seul parti d’opposition face au pouvoir UMP. En fait, le PS manque tout simplement d’un chef incontestable et incontesté, et c’est cela qui l’a sans doute privé d’une élection tout à fait envisageable en octobre-novembre 2006. Sans ces chamailleries entre chefs ou supposés l’être, le PS aurait sans doute gagné le 6 mai.

Pourtant on ne peut pas dire de nos jours que l’idéologie est la marque de fabrique d’un parti qui n’a plus rien à voir, depuis bien longtemps, avec les différents partis socialistes qui ont marqué l’histoire de ce pays. D’ailleurs il était assez cocasse d’entendre le candidat Sarkozy, dont le soutien le plus affirmé était celui du MEDEF, évoquer Jaurés ou Blum alors que la Parti Socialiste osait à peine parler de François Mitterrand qui, ne l’oublions pas, avait mis fin en 1981 à 23 ans d’opposition pour la gauche. Malgré tout le PS existe toujours dans le paysage politique français et gageons qu’il continuera d’exister malgré ses dissensions, malgré son absence d’idéal et malgré la défection de ses vieux « éléphants », voulant s’ébrouer encore une fois dans les eaux bienfaitrices du pouvoir.
Nous, adhérents du MoDem, sommes évidemment à cent lieux de ces préoccupations. Nous en sommes encore à nous chipoter pour savoir qui sont les meilleurs MoDem, entre ceux qui viennent d’adhérer à notre mouvement et ceux qui étaient membres de l’UDF. Nous jetons l’anathème sur ceux qui ont osé dans le passé pactiser avec le diable. Au fait quel diable ? Feu le RPR ou feu le PSU, ou le PS, ou les Verts, ou… Sur ces bases là, il est clair que notre communication est totalement inaudible. Mais ce n’est peut-être pas encore cela le pire. Certains en sont encore à envisager le « grand soir » comme à la fin du 19è siècle, où les ouvriers misérables et exploités rêvaient d’une révolution qui leur donnerait le pouvoir et donc une vie meilleure.

Avec de telles idées, pour sûr nous ne risquons d’exister. Cela étant, ces ouvriers taillables et corvéables à merci avaient une excuse que n’ont pas les adhérents du MoDem : leur vie était épouvantable et quoiqu’il arrive, ils avaient tout à gagner et rien à perdre à souhaiter la révolution. Ce n’est quand même pas le cas des adhérents du MoDem qui en plus, du moins pour certains d’entre eux, veulent faire table rase d’un passé qui ne leur appartient pas. J’ai lu et entendu que sur 80000 adhérents du MoDem, 30000 venaient de l’UDF et que parmi ceux qui étaient comptabilisés « adhérents directs » il y en avait un grand nombre qui avaient déjà payé leur cotisation à l’UDF. Alors cessons cette guéguerre imbécile, travaillons à nous construire une image réaliste, responsable, et préparons-nous à conquérir le pouvoir en 2012 avec François Bayrou.

Comment voulez-vous que les médias s’intéressent à nous si nous faisons ressusciter le PSU (pourquoi pas l’autogestion) ou si nous nous comportons comme les Verts qui, néanmoins, savent faire fi de leurs désaccords quand il s’agit de sauver des sièges. Comment voulez-vous que nous soyons écoutés si, dans une même enceinte, les uns avancent des arguments que ne renieraient pas les adhérents de l’UMP et les autres parlent comme si nous étions un courant de la LCR. Désolé, chers amis, mais c’est la vérité et elle fait mal. Beaucoup d’entre nous se croient dans ce que l’on appelait autrefois « les cercles d’idées » où, devant un parterre de 15 ou 20 personnes, on passait sa soirée à refaire le monde. Les médias du début du 21è siècle ne sont pas intéressés par ces billevesées. Quitte à faire dans le ridicule ou le frivole, ils préfèrent parler des vacances de Hollande avec sa nouvelle amie ou des extravagances de Nicolas Sarkozy. Bien évidemment, ce n’est pas ce que nous souhaitons pour notre parti.
Voilà quelques mots bien sentis sortis du cœur d’un militant de base du MoDem, qui en a assez que l’on se demande si son mouvement a toujours une existence, à la notable exception de quelques interventions de François Bayrou. Pourtant, si nous savons nous faire entendre, nous avons «un boulevard» qui s’ouvre devant nous avec les promesses du candidat Sarkozy qui, fatalement, ne seront pas tenues ou qui engendrerons des déceptions parce que n’allant pas dans le sens espéré, mais aussi avec la déliquescence du PS. Nous devons à François Bayrou de nous avoir donné un espoir, nous lui devons de nous battre pour qu’il soit le vainqueur de l’élection présidentielle de 2012.

Nous avons 5 ans pour l’aider à bâtir un projet à la fois réaliste et mobilisateur. Alors ne perdons pas de temps à cultiver les chimères d’un autre âge, ce qui nous permettra de parler d’une même voix et par là, nous autorisera à nous adresser aux médias avec des chances d’être lu et entendu par les lecteurs, qui sont aussi des électeurs. Enfin, pour ceux qui rêvent encore et qui jusqu’à maintenant n’avaient jamais été membres d’un parti politique, je leur conseille de se frotter au suffrage universel. Ils constateront de visu que leurs préoccupations ne sont pas toujours les mêmes que celles des électeurs. ”Res, non verba” (des réalités, non des paroles).

Michel ESCATAFAL – Militant du MoDem du Gard

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