12 décembre 2011
ANALYSE D'UN SCRUTIN
TRIBUNE LIBRE
Dès 2002, François Bayrou n’a cessé de préconiser l’indépendance du centre, et depuis, il n’a jamais changé de discours, même au prix qu’on sait qu’il a accepté de payer.
En outre, en 2007, il s’est forgé une grande part de sa légitimité en mettant en garde les français sur les conséquences d’une dette non maîtrisée. Ce qui ne paraissait d’ailleurs nullement préoccuper les différents autres candidats en lisse, tout au contraire.
On sait combien les événements lui ont donné ensuite raison contre tous.
Aujourd’hui François Bayrou se présente non seulement en candidat qui “avait su prévoir", mais aussi en candidat de rassemblement dans une France défaite par tant d’erreurs cumulées, par des gouvernements tant de droite que de gauche.
47% DES FRANÇAIS N’EN VEULENT PAS....
Un tout récent sondage révèle que 47% des français ne souhaitent pas l’élection, en 2012, ni de Mr Sarkozy, ni de Mr Hollande. Un renvoi dos à dos lourd de signification mais non dépourvu de menace : celle d’un refuge vers des idéologies extrêmes, malgré la stérilité de leurs projets.
Que va-t-il donc se passer désormais ?
Dans les toutes prochaines semaines, vraisemblablement pas grand-chose.
Pourtant, déjà, un candidat - Mr Hollande - après sa très médiatique élection aux primaires socialistes, voit sa "maison" se craqueler de tous côtés. Il est vrai que ses “amis” (de la direction du P.S.) ne l’ont guère beaucoup ménagé : après un invraisemblable “accord” avec les verts conclu par dessus sa tête (et sans que son avis n’ait été spécialement sollicité), voici que d’autres se hasardent à relancer le vieux démon germanophobe suite à la fermeté du gouvernement allemand quand aux orientions européennes, tant politiques que financières. Le malheureux candidat P.S. est donc obligé, aujourd’hui, d’écoper et calfeutrer de toutes parts.
“L’autre” candidat, si l’on s’en tient à la terminologie traditionnelle - à étroites œillères de la presse qui n’en voit jamais que deux ! - Nicolas Sarkozy, lui, profite à plein de ce cafouillis. Sa combativité (que nul ne peut lui nier), face à un encerclement d’indicateurs peu favorables aux intérêts français, lui permet de gagner quelques points face à son malheureux challenger.
Le match ne fait donc que commencer et le début de 2012 risque de s’animer sérieusement. Mais, malgré les augures simplistes de cette presse souvent indigente, l’issue de l’élection devient de moins en moins prévisible.
ÉTAT DE FAILLITE
La conjoncture économique est très mauvaise, contrecoup de deux crises financières (2008 et 2011) exceptionnellement graves et profondes. Les finances de nombreux états sont proches de la “faillite” (ou tentent de feindre n’y être pas déjà), et celles de la France n’est guère plus enviable malgré les plans de rigueur successifs annoncés avec grand fracas : en 2012, selon le budget actuellement en discussion, la France devra encore emprunter 200 milliards € pour payer son train de vie..., et les taux d’intérêt risquent fort de s’alourdir, comme pour un peu mieux nous enfoncer.
Pour la première fois, la campagne électorale sera donc, par nécessité et simple réalisme, pauvre en promesses. Et si même certains se hasardent quand même à laisser entendre que l’on pourra réduire les récentes mesures de rigueur, le bon sens de nos concitoyens - du moins on l’espère - les incitera à relativiser largement les promesses intenables des uns et des autres dans l’état actuel de nos finances.
Mais, en plus de ces deux candidats que je viens de citer, il y en a aussi plusieurs autres qui risquent, avec plus ou moins de bonheur, de perturber sérieusement l’actuel tête-à-tête Sarkozy/Hollande.
On ne peut ignorer - car, en lisant ces lignes, tout le monde y pense déjà - la candidature de Mme Le Pen avec ses accents renouvelés très démagogiques. Mais, plus sérieusement, il y a aussi celle aussi de François Bayrou dont le potentiel électoral ne peut être ignoré : il l’a démontré avec ses près de 19% en 2007. Un tout récent sondage laisserait paraître qu’il serait déjà au même niveau que Mme Le Pen et déjà en position d’être en 3ème position pour menacer les 2 favoris médiatisés du moment. En revanche, il est inutile de retenir les candidatures, pour arriver au 2ème tour, de Mr Mélanchon (qui s’en prend d'ailleurs désormais avec passion à Mr Bayrou tant il pressent la place croissante dans la compétition), ni de Mme Joly, ni de Mr Chevènement, ou ni encore celle de Mr De Villepin (qui ne se présente, seul, dans le compétition élyséenne, vraisemblablement, que pour mieux négocier ensuite une place). Et quant à Mr Morin, la simple charité oblige à n’en pas trop parler tant il est inexistant sur l’échiquier politique.
Mais revenons quand même donc à nos 4 candidats potentiels qui peuvent espérer atteindre le 2ème tour.
LES CANDIDATS POSSIBLES
Nicolas Sarkozy (je le cite ici en premier en raison de son actuel statut) : il se cale désormais dans une posture basée sur son sens des responsabilités et sa capacité de protéger les français des menaces qui les entourent. Mais tous savent les limites de cette capacité : beaucoup de ficelles ne sont pas entre ses mains, dont, notamment, les agences de notation qui déterminent le prix à payer de notre (abyssal) endettement.
Mr Sarkozy n’est cependant pas démuni de courage quand il propose aux français un nième plan de rigueur à quelques mois d’une élection où il n’est pas favori. Audace ? Témérité ? Qui sait ? Mais, avec le soutien d’un bon “plan media” (et ce diable d’homme sait y faire dans ce domaine !), peut-être cela peut-il marcher ? Un vrai pari, un peu fou pour certains ! Mais, si la note de la dette souveraine de la France venait, hélas, à se dégrader, nous assisterions à un effondrement de la crédibilité financière de la France, et le principal atout du candidat Sarkozy.... s’effondrerait avec elle et deviendrait pour lui un handicap majeur. S’en relèvera-t-il ? Rien n’est moins sur.
Mr Hollande, pour autant, profiterait-il de cette dégradation ? Je le conçois mal : le projet socialiste est très - est bien trop - dépensier. Projet assorti, de surcroît, par quelques initiatives “personnelles” du candidat Hollande, tout autant dépensières. Cela ne pourrait conforter l’idée, au sein de l’électorat, que Mr Hollande puisse être un atout pour redresser la situation. Mr Hollande traîne là un vrai boulet avec "son" projet socialiste.
Il est donc à craindre que la (très possible) dégradation de la crédibilité de la France fasse, au final, à la fois deux victimes parallèles : Mr Sarkozy et Mr Hollande.
Il nous reste donc, après ces deux-là s’ils venaient à être balayés par ces cataclysmes économiques, que 2 candidats potentiels.
Mme Le Pen pourrait, elle, rassembler autour d’elle la foule des mécontents, des peureux, des révoltés des diktats venus de toutes parts. Et on l’entend déjà vouloir tant nier les agences de notation, qu’annuler la dette “purement et simplement” (comme c’est simple !), emprunter désormais sans payer d’intérêts, etc.... Un vrai délire !
Mais il se trouvera vraisemblablement, parmi tous ces mécontents ou ces révoltés, des gens qui regarderont en face l’intérêt du pays. La clientèle de Mme Le Pen n’est pas constituée que de "simples d’esprit” et il ne leur échappera pas longtemps que ce type de démagogie ne fera que précipiter l’effondrement financier du pays. Ses solutions, simplistes, conduiront tout droit - ils s’en apercevront vite - à la catastrophe : si, par exemple, on annulait la dette, la France ne pourrait plus emprunter sur les marchés ; donc on ne pourrait plus faire le moindre déficit ; donc on ne parviendrait plus à payer tous les salaires des services publics, les retraites à leur niveau actuel, combler le déficit de la sécurité sociale, etc.... On ne pourrait que battre de la monnaie (sous-évaluée) en abondance pour y faire face, donc relancer une inflation galopante dont les premières victimes seraient, comme toujours, les plus fragiles. Fermerait-on nos frontières ? Plus de téléphones portables, plus d’ordinateurs, ni d’automobiles, ni de téléviseurs, ni de composants électroniques, etc.... Bref : une récession calamiteuse promise à court terme.
Donc, la “solution” Le Pen risque de se dégonfler comme une baudruche (qu’elle est !).
Il nous reste donc encore le candidat Bayrou.
François Bayrou risque, vraisemblablement, d’être le candidat de repli stratégique pour tous les français qui gardent raison, pour tous ceux qui ont compris qu’il s’agit - parce que c’est une incontournable obligation et tous ceux qui prétendent le contraire ne sont que menteurs - il s’agit de faire des efforts pour redresser les comptes publics tout en maintenant le système social à la française, tout en préservant la cohésion nationale.
Car il s’agit bien de cela (je le disais plus haut), l’effondrement des finances publiques pourrait entraîner l’éclatement en plein vol de tout ce qu’on a bâti depuis la Libération : sécurité sociale, retraites, allocations familiales, prestations chômage, etc.... L’exemple grec, mais aussi ceux espagnol et britannique, entr’autres, est inquiétant et on ne peut l’ignorer tant il peut faire tache sur d’autres nations. Une agence de notation n’envisage-t-elle pas, maintenant, de même baisser la notation de la vertueuse Allemagne ?
LA TRIPLE LÉGITIMITÉ de Mr BAYROU
François Bayrou a donc, en plus pour lui, une triple légitimité pour s’imposer dans ces circonstances particulièrement graves auxquelles notre nation est confrontée :
• d’une part, il a eu raison depuis longtemps, avant tous les autres : l’équilibre budgétaire, la réduction des déficits publics et la résorption de la dette avaient, déjà, constitué le thème majeur de sa campagne présidentielle de 2007. Il avait prévenu que l’État allait “droit dans le mur”. Et la responsabilité en incombe aujourd’hui à toute la classe politique depuis au moins trente ans, droite et gauche confondues.
Les raisons de ce cataclysme économique ? Elles sont multiples : • la croissance massive du chômage qui a réduit les recettes • l’effondrement de pans entiers de notre industrie (textile, sidérurgie, etc....) et son “exportation” vers d’autres pays étrangers (les délocalisations) • le maintien parallèle du niveau des dépenses publiques, voire leur accroissement face à la demande sociale • une démographie qui fait décroître la population active • etc....
La “fuite en avant” qui a été poursuivie par ces gouvernements irresponsables aurait été pertinente en période de croissance soutenue. Mais la faible croissance, voire la récession, ont aggravé nos déficits et rendu la politique budgétaire de la France dépendante, désormais, de la décision des prêteurs étrangers. D’où l’intervention pesante des notations d’agence. Leur poids est devenu insupportable.
Les responsables politiques ? Comme je disais plus haut, tous, sans exception : UMP/RPR et P.S. compris ! Les gouvernements se sont succédés l’un après l’autre, chacun a apporté sa part de dettes supplémentaires, puis, ensuite, ils les “refilaient” au gouvernement suivant...., qui continuait la même politique.
Au passage, ici, je m’insurge avec vigueur sur la thèse qu’on entend parfois qui voudrait que le seul gouvernement “vertueux” aurait été celui de.... Mr Jospin : Mr Jospin n’a seulement bénéficié, pour l’essentiel, que d’une embellie économique qui n’avait rien de française ! Elle avait pour principale origine la “bulle” de l’informatique et des télécommunications, bulle née essentiellement aux USA. Cette bulle a généré, mécaniquement, une "cagnotte". Mais Mr Jospin, au lieu d’en profiter pour réduire la dette, au contraire il l’a augmentée : il a accru les dépenses. Et on sait la suite.
• Triple légitimité de François Bayrou, ai-je donc dit ? Oui, il y a aussi chez ce candidat une réelle volonté d’apporter des solutions pour sauver le modèle français. Pour lui, la rigueur ne peut pas se réaliser sur un seul levier mais sur les deux à la fois : • réduire les dépenses publiques • augmenter les prélèvements obligatoires selon le principe de justice sociale et fiscale et ce jusqu’à redressement de nos comptes. • rétablir notamment notre balance des paiements en redémarrant notre potentiel industriel - et le génie français - pour PRODUIRE (de nouveau) EN FRANCE : des pans entiers de nos besoins les plus courants ont été abandonnés par notre industrie (je l’exposais plus haut) : on les a délocalisés pour, désormais, les produire à l’étranger et, ensuite, nous les y faire acheter ! Et notre balance des paiements nous entraîne, par ses déficits, un peu plus dans le gouffre.
Dans une toute récente intervention, François Bayrou a donc dit sa volonté de donner du poids au “made in France” pour recréer des emplois qui nous manquent et tarir cette fuite de capitaux.
C’est donc là l’un des thèmes majeurs que François Bayrou compte développer et décliner pour les mois à venir.
Cela relève du simple bon sens ; bien plus que de vouloir recruter des fonctionnaires ou créer des emplois artificiels en augmentant nos déficits (méthode socialo-Hollande).
François Bayrou a su, lui, trouver la ligne de clivage la plus éclairante du paysage politique : entre ceux qui pensent que les responsables des tous les malheurs français sont à l’extérieur (Europe, Chine, USA, les immigrés, le plombier polonais, etc.) et qui font croire qu’on ne peut donc rien y changer ; et ceux qui, au contraire, pensent qu’on doit faire des réformes pour améliorer nos performances, et qui savent que l’intégration européenne est, au contraire, un atout monétaire pour la France, et la mondialisation elle-même un levier supplémentaire pour nos exportations.
• Enfin, François Bayrou a aussi une troisième légitimité : il est le seul capable de casser le système politique sclérosé par le bipartisme UMP-PS et de proposer un gouvernement d’unité nationale en mettant à contribution toutes les compétences des deux camps.
Nicolas Sarkozy est - ou a, hélas pour lui - une personnalité trop "clivante" pour réussir dans cette démarche. Et quant à François Hollande, il est trop prisonnier d’un Parti socialiste qui n’a toujours pas lâché ses “vieilles lunes”.
L’ISOLEMENT ?
François Bayrou n’est-il pas, on l’entend parfois, trop isolé pour réussir ce pari d’un grand rassemblement ?
Contrairement à l’image que certains veulent répandre, François Bayrou n’est pas seul. Outre l’équipe qui l’entoure (et il n’en faut pas des centaines pour former une équipe gouvernementale de choc et de compétence), il a su entretenir des amitiés précieuses : • au sein de l’UMP : Pierre Méhaignerie, Alain Juppé, Jean Arthuis, et bien d’autres qui révèlent aujourd’hui leur appui • au sein du P.S. : Hubert Védrine, Manuel Vals et.... François Hollande “himself” ! François Bayrou sera certainement le plus apte à réaliser, avec eux tous, la majorité centrale qui pourra réformer la France et ce sans opposer les uns contre les autres, comme dans le système actuel UMPS.
François Bayrou ne néglige pas non plus d’autres priorités essentielles : redonner à notre éducation nationale un nouvel élan et la sortir du marasme qui fait qu’elle produit aujourd'hui des futurs citoyens sortant de ses bancs sans savoir lire ou écrire avec compréhension. Et il est inutile, pour cela, d’accabler le corps de nos enseignants. Il a ressorti pour cela le simple verbe “instruire”. Il en est temps ! Autre priorité aussi : reconstruire la démocratie en France, réduire l’emprise de l’argent sur toutes nos institutions qui les pourrit à la base. Il utilise pour cela le simple verbe “construire” : c’est devenu, aujourd’hui, un vaste et nécessaire programme tant le système actuel en a miné les bases.
Devant les errements des uns et des autres, devant les promesses intenables, devant les démagogies trompeuses, quel bonheur de lire et trouver, en lisant ou en écoutant François Bayrou, des idées de simple bon sens, de justice sociale, de reconstruction de nos forces vives, tant à l’école que dans nos industries et notre artisanat si riche d’initiatives !
Je guette en vain, jusqu’ici, chez d’autres candidats, des propositions aussi rassurantes et constructives qui ne soient pas que des mots et de vaines promesses. J’observe aussi cette propension de certains candidats de reprendre à leur compte des idées.... du candidat Bayrou ! Mais sans se débarrasser pour autant de leurs tics ou leurs penchants habituels.
Rien n’est gagné. Tout est à (re)conquérir. L’avenir est grand ouvert. L’espérance peut renaître. Mais au seul prix de la lucidité et du courage. C’est pourquoi je reste confiant.
François VAN DE VILLE
Secrétaire Départemental du Mouvement Démocrate du GARD
19:10 Publié dans TRIBUNE LIBRE | Lien permanent | Commentaires (0)
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