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18 octobre 2007

LE BUDGET 2008 : UNE GRAVE ERREUR

La situation des finances publiques de la France est très gravement malade, notamment par le niveau abyssal de notre endettement dont le seul niveau des intérêts payés est tel que des pans entiers de notre politique économique et sociale sont frappés de paralysie.

Ceci a fait largement débat lors des élections présidentielles. L’on aurait pu croire que, fort d’une majorité parlementaire sans partage, le nouveau Président de la République aurait le courage de prendre les mesures nécessaires et dans l’urgence pour redresser la situation. Hélas, il n’en est rien, ou si peu que cela revient au même : pour le premier budget 2008 que le gouvernement de Mr SARKOZY présente, il est fort à prévoir que la situation des finances publiques va continuer de se dégrader. Nous allons - encore et toujours - confirmer notre place de plus mauvais élève européen en matière de déficits publics. Et, compte tenu de la médiocrité de la croissance, la barre fatidique des 3 % de déficit risque fort d’être atteinte dès l’an prochain.

L’effort de l’État sur la productivité reste faible : 23.000 postes de fonctionnaires en moins, ce qui ne représente qu’une économie d’environ 500 millions d’euros en année pleine. On remarque bien aussi un engagement sur une progression limitée de la dépense publique. Mais le déficit de la Sécurité Sociale, de 12 milliards d’euros, va sans doute se creuser. Enfin, il ne faut pas oublier les cadeaux fiscaux, de 6 ou 7 milliards pour 2007, soit 15 M€ en année pleine.

CE N’EST PAS LA CONSOMMATION QUI VA TIRER LA CROISSANCE

Nicolas Sarkozy et le gouvernement commettent donc une erreur profonde de diagnostic sur la nature du mal dont souffre l’économie française. L’essentiel des efforts (les cadeaux fiscaux) va en priorité aux ménages, c’est-à-dire à la consommation : on baisse les impôts sur les successions, on déduit les intérêts d’emprunts immobiliers, on défiscalise les heures supplémentaires, on instaure le bouclier fiscal. Tout cela au nom d’un raisonnement imparable, mais totalement faux : ce n’est pas la consommation qui va tirer la croissance à la hausse. C’est une grave erreur de le croire.

La France souffre non pas d’une absence de soutien de la demande intérieure, mais d’un déficit constant de l’offre. Depuis 2001, la consommation des ménages ne cesse de croître plus vite que la production, laquelle n’est pas capable de suivre. Depuis six ans, ce sont donc les importations qui augmentent de manière considérable, dégradant, là encore et parallèlement à notre déficit, notre commerce extérieur.

Nicolas SARKOZY, même si l’on pourrait supposer qu’il relève de l’école libérale, fait la même erreur de politique économique que François MITTERRAND en 1981. On se souvient encore qu’alors, après une volonté de relance forte de la consommation, il a fallu corriger rapidement cette erreur historique fin 1982 avec un plan de redressement qui a fait très mal : un vrai plan de rigueur. Et ce ne sont pas aujourd’hui les dénégations du Président qui changeront les choses : plan de rigueur nous (ou lui) sera imposé, qu’on le veuille ou non.

Sera-ce la même rigueur qu’en 1983 ? Non, ce sera pis. Car aujourd’hui, la difficulté est plus grande qu’à l’époque. En 1981-1982, la sanction des erreurs avait été très rapide, notamment grâce au franc qui s’est écroulé par rapport aux autres monnaies et qui nous a permis de sortir assez facilement de l’ornière où nous nous étions mis. Mais, en 2007, la solidarité européenne et l’euro à la fois nous protègent mais nous imposera une rigueur plus forte ans les recettes de la facilité, comme en 1983.

C’est pour cela qu’il faudra une grande clairvoyance au Président de la République pour mener la bonne politique. Celui-ci a été élu sur une rupture, laquelle reste, pour l’instant, surtout symbolique. Le risque encouru, c’est une dégradation lente mais continue de notre situation économique, un enfoncement dans la médiocrité sur fond de crise avec nos partenaires européens.`

Ce budget 2008 est, hélas et pour toutes ces raisons, plus que très décevant. Surtout après les cadeaux fiscaux accordés en 2007.

Nous ne sommes pas du tout sur la bonne voie. Hélas encore....

Commentaires

François Bonjour,

Trés bonne analyse. En France la relance de l'économie par la consommation entraine des déficits commerciaux dus au manque de croissance de la production. Cela s'est toujours vérifié par le passé. La solution à rechercher est au niveau de la production. Encore faut-il avoir des hommes politiques qui en aient conscience et des dirigeants d'entreprises qui soient compétents; pas des spécialistes des caisses noires (MEDEF) ou des délits d'initiés (AIRBUS).

A bientôt

Jean-Alain ROUX

Écrit par : Jean-Alain ROUX | 07 novembre 2007

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